3.3.1. LE COÛT DES RÉALISATIONS MACRO

Article paru dans la Lettre aux Habitants n°74, décembre 2012.
(Retour à l’article principal)


Il est clair qu’un bassin d’orage, si c’est une aubaine pour les grosses sociétés productrices de béton, coûte énormément à la collectivité. On peut dès lors se demander si des solutions moins onéreuses ne seraient pas préférables et si les comparaisons des coûts sont toujours bien effectuées.

En attendant qu’un nouveau
paradigme de l’eau en ville n’éclose, faut-il pallier le pire en créant des bassins d’orage gigantesques ?
Ne serait-il pas opportun de s’engager au plus vite dans des mesures alternatives ?

En terme de coût pour la société, si l’on compare 50 millions d’euros pour un bassin d’orage de 30 000 m³, (pas nécessairement efficace, car peut être pas localisé là où tombe la pluie exceptionnelle), au coût de 10.000 citernes de 3 m³, réparties un peu partout, et qui pourraient être subsidiées, par exemple à 1.500 Euros l’installation et donc coûter moins cher, seulement 15 millions d’euros. A ce coût faramineux de construction, il faut rajouter les frais de fonctionnement, comme l’électricité nécessaire aux pompes de vidange étant donné que ces bassins d’orages sont creusés en profondeur et ne peuvent se vider par simple gravité, et les coûts d’entretien.

De nombreux bassins d’orage sont projetés par Hydrobru/Vivaqua :

  • Dans la vallée de l’Ukkelbeek : 15.000 m³ à 20.000 m³ (projet de bassin d’orage tubulaire par fonçage d’un diamètre de 3,50 à 4,50 m, en deux parties sur une longueur totale de 1.500 m)
  • Dans la vallée du Geleytsbeek : 4.000 m³ place Saint-Job (chantier en cours), 4.000 m³ au niveau de la Vieille rue du Moulin (à l’étude, endroit précis non défini) et 2.000 m³ au niveau la plaine du Bourdon.
  • Dans la vallée du Verrewinkelbeek/Linkebeek : 1.000 m³ et 2.000 m³ (détails un peu plus loin).

À côté de ces bassins d’orages, extrêmement onéreux, d’autres mesures moins spectaculaires mais efficaces permettraient de limiter la taille des bassins d’orage à construire ; nous en esquissons quelques unes ci-après.

Les solutions alternatives envisagées nécessitent d’abord que les eaux de sources ou pluviales ne se mélangent pas aux eaux usées en dehors des événements climatiques extrêmes.

Un réseau séparatif interne aux habitations, de sorte que les eaux
usées et les eaux de ruissellement soient canalisées en deux circuits distincts est réalisable lors de nouvelles constructions ou de grosses rénovations. L’idéal est de connecter le réseau des eaux de ruissellement à une citerne pour eaux de pluie et/ou un système d’infiltration.
Il faut aussi faire en sorte que l’eau des ruisseaux reste dans les ruisseaux en dehors des événements orageux exceptionnels.

Pour cela, il y a un préalable : la mise en place d’un double système d’égouttage (système binaire d’évacuation), recommandé par le plan pluie de la Région en application de la directive-cadre européenne, là où le raccordement au ruisseau est possible.

Mais cela impose une volonté politique dans l’aménagement des nouveaux chantiers d’égouttage. Les derniers travaux de placement d’égout, comme à la rue Engeland par exemple, n’ont pas du tout opté pour cette double évacuation se réfugiant derrière le surcoût potentiel lié à une double canalisation.

Quelle sera la politique adoptée dans le sud de la Commune où le collecteur du Verrewinkelbeek recevra les eaux d’un bassin versant de plus de 3 km² du territoire ucclois ? La solution proposée par Vivaqua est double : d’une part utiliser le collecteur désaffecté du Hain en le convertissant en bassin de retenue d’un volume de 2.000 m³, et d’autre part de créer un bassin d’orage de 1.000 m³ au carrefour de l’avenue de la Sapinière et de la rue de Percke dont le déversement se ferait vers le ruisseau.

Ce second élément pourrait être remplacé par des aménagements naturels : le niveau des prairies le long de la rue de Percke pourrait être abaissé au niveau du ruisseau, créant de la sorte à la fois une zone humide à haute valeur biologique dans laquelle le ruisseau serpenterait et un bassin d’orage à peu de frais.

Dans le haut de la vallée de l’Ukkelbeek, un bassin d’orage ou un bassin à ciel ouvert devrait être situé à hauteur de l’avenue Hamoir pour éviter que les eaux ne redescendent trop vite.

Il faudrait aussi réaliser un réseau séparatif qui permettrait de reprendre les eaux du ruisseau et serait relié à différents étangs ou zones humides à créer ou agrandir le long de l’avenue De Fré : dès l’ambassade de Russie, où l’espace permet une extension de la pièce d’eau, à défaut au bas de la haute école de Bruxelles ou un bassin pourrait être créé ainsi que dans la propriété Paridant, un des rares endroits où le lit du ruisseau existe encore, celui-ci pourrait être aménagé en zone de débordement.

Le bas du parc du Wolvendael pourrait aussi être aménagé de sorte que les eaux ne coulent plus dans la rue Rouge, mais aillent rejoindre une vaste zone humide à créer dans le bas du parc incluant le petit étang existant face au château.

Une zone humide tampon pourrait être créée à l’arrière du Doyenné et du collège Saint-Pierre pour recevoir l’eau de ce vallon et de l’affluent de l’Ukkelbeek parallèle à la rue du Doyenné.

Etang du château du Wolvendael à Uccle - photo Enguerrand David - novembre 2012

Photo ci-dessus : Le bas du parc du Wolvendael pourrait être aménagé de sorte que les eaux de la vallée de l’Ukkelbeek ne coulent plus dans la rue Rouge lors d’éventuels gros orages, mais aillent rejoindre une vaste zone humide à créer dans le bas du parc incluant le petit étang existant face au château.