Article paru dans La Lettre aux Habitants n°76, juin 2013
Après Sainte-Gudule à Bruxelles et Saint-Hubert à Boitsfort, un jeune couple de faucons pèlerins semble avoir élu domicile sur l’église de saint-Job dont on fête le centième anniversaire en 2013.
Ce sont de jeunes faucons qui ne devraient pas encore se reproduire cette année.
Espérons qu’ils trouveront à Saint-Job les conditions favorables à leur installation et que dans un an ou deux, nous pourrons y observer la naissance de fauconneaux.
Comme l’indique la photo ci-dessous, Maitre Faucon semble apprécier à sa juste valeur l’antenne GSM-perchoir placée sur le lanternon de l’église. Photos de Marc De Brouwer.
QUASI DISPARITION DU FAUCON.
Le faucon pèlerin avait disparu de Belgique depuis les années 1960. Cette disparition, et celles d’autres rapaces, était liée l’utilisation de pesticides dangereux, qui se concentrant tout au long de la chaîne alimentaire rendaient les espèces prédatrices vulnérables. Si les d’adultes ne mourraient pas après avoir mangé des proies empoisonnées aux pesticides, ces substances chimiques proches des hormones rendaient les adultes stériles ; la coquille des œufs de leurs rares pontes devenait tellement fragile que leurs tentatives de reproduction échouaient. Une espèce qui ne se reproduit plus ne peut que disparaître et cette disparition était irréversible tant que ces pesticides étaient utilisés.
LE RETOUR DU FAUCON, UNE SUCCES STORY.
Le retour du Faucon pèlerin est un succès pour la conservation de la Nature.
L’interdiction des pesticides les plus dangereux, dont le célèbre DDT et leur lente disparition de notre environnement ont permis de rendre l’environnement à nouveau favorable aux rapaces. Les rapaces migrateurs, même partiellement ont peu reconquérir les territoires desquels ils avaient disparus ?
Cependant ceux qui, comme le faucon pèlerin, sont sédentaires ne pouvaient réapparaître qu’avec l’aide humaine. Cela a été l’objectif du Fonds d’Intervention pour les Rapaces (FIR) qui a lancé en 1994 un programme pour favoriser le retour du Faucon pèlerin en plaçant des nichoirs sur de hauts édifices, comme les tours de refroidissement des centrales électriques.
En 1998 des faucons se reproduisent sur la centrale de Doel près d’Anvers. Ce sont les premiers en Belgique et sans doute des descendants des dernières populations qui avaient trouvés refuge dans le massif des Vosges. Depuis ces zones protégée, ils ont lentement étendu leur aire de nidification vers le nord jusqu’à s’installer sur la cathédrale Saint-Gudule et y réussir sa première reproduction bruxelloise en 2004, année où 55 jeunes fauconneaux naissent en Belgique. Depuis 2008, ils sont sur l’église Saint-hubert face au parc Tournay-Solvay.
Le retour du Faucon pèlerin en Belgique et son arrivée en ville est une grande réussite déjà une « success story » de la conservation de la biodiversité. Ce retour témoigne à la fois de la nécessité et de l’utilité des mesures prises en faveur de la protection de la nature.
CHASSER LA NUIT GRÂCE A L’ÉCLAIRAGE PUBLIC.
Pourquoi avoir choisi l’église de Saint-Job à Uccle après Bruxelles et Watermael-Boitsfort ? Est-ce pour fêter le centenaire de l’édifice ou plutôt grâce au bon éclairage des lieux ?
C’est que le faucon pèlerin tire avantage de l’éclairage urbain des monuments pour chasser la nuit. L’image qu’en a le grand public est celle d’un oiseau fondant à toute vitesse sur sa proie, en pleine journée. Mais le faucon profite de la ville pour chasser aussi de nuit. Les pelotes de réjection des faucons de la cathédrale Sainte-Gudule ont été analysées par les ornithologues qui à côté d’os de pigeons, merles ou perruches à collier (enfin un prédateur de cette espèce !) y ont trouvé de nombreux restes d’oiseaux migrateurs qui ne faisaient que passer par là, voyageant de nuit. La capture des migrateurs nocturnes avait été facilitée par l’éclairage artificiel des édifices sont capturés aux premières lueurs du jour mais aussi la nuit à la faveur des lumières qui révèlent le passage de proies sur lesquelles le faucon n’a plus qu’à plonger depuis son haut perchoir
À QUAND DES JEUNES FAUCONNEAUX ?
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le couple de faucon va nicher à l’église de Saint-Job ? Visiblement l’endroit leur plait puisque cela fait aujourd’hui un mois qu’ils ont élu domicile au bas de la rue du Ham. Ensuite ils devront réussir leur couvaison et l’élevage de leur couvée, ce qui n’est pas souvent le cas des jeunes couples. Il faudra donc sans doute patienter avant d’observer l’envol des premiers jeunes à l’église de Saint-Job. Il en fut de même à Ste Gudule ou à St Hubert où il fallut respectivement attendre 2 et 4 ans entre l’arrivée des faucons et la première reproduction réussie. Alors un peu de patience avant de voir les jeunes fauconneaux se lancer du haut du clocher saint-Jobois…
RISQUES, DANGERS ET MESURES DE PROTECTION
Maintenant qu’ils pourraient s’installer à Uccle, les Faucons pèlerins doivent être protégés des personnes indélicates qui tenteraient de capturer un rapace afin d’en faire commerce. On risque de les retrouver dans de (trop) petites cages, maltraités ou forcés à participer à des démonstrations d’oiseaux de proies. Ce n’est vraiment pas ce que nous souhaitons qu’il arrive. Dans un futur proche, il faudra sans doute prendre des mesures de protection, afin d’empêcher l’accès des lieux de repos des faucons, voire envisager le placement d’un nichoir inaccessible.
Lorsque l’homme respecte l’oiseau, la ville n’est plus un milieu hostile mais une aire d’accueil de la faune.
LE FAUCON, L’OISEAU LE PLUS RAPIDE DU MONDE.
En piqué, il approche les 400 km/h et un remarquable 100 km/h en battant des ailes. Son aire originale consistait en abruptes falaises, jusqu’à ce que la ville lui offre de hauts-bâtiments qui lui permettent de dominer le territoire et d’atteindre les nuages de quelque coups d’ailes. Le Faucon pèlerin est oiseau du ciel et c’est en vol qu’il capture principalement ses proies.