Durant l’année scolaire 2016 /2017, une enquête sur la pratique du vélo a eu lieu auprès d’élèves de certaines écoles d’Uccle.
C’est suite à un appel à projet des « quartiers durables citoyens » que le quartier durable « OXY 15-Oxydurable », aidé par le Gracq Uccle, a initié cette enquête.
Plus de 2000 élèves ont répondu à l’enquête. Ont été approchées :
• neuf écoles communales primaires : Calevoet, Centre, Eglantiers, Homborch, ICPP Longchamp, Messidor, Val Fleuri, Verrewinkel
• cinq écoles fondamentales de l’enseignement libre, section primaire également : Les Blés d’Or, Plein Air, Regina, Saint-Paul, Wolvenberg
• l’Ecole Européenne - enseignement secondaire.
Les élèves devaient répondre, d’une façon anonyme, à 15 questions. Les objectifs de cette enquête étaient les suivants :
A. connaître les envies des enfants dans le domaine de l’utilisation du vélo.
B. sensibiliser les parents à cette démarche environnementale.
C. remettre au Conseil communal d’Uccle et au Ministre de la mobilité de la Région de Bruxelles, les réponses à ce sondage.
L’enquête était présentée d’une manière ludique, par une conteuse de l’association des « conteurs en balade », Mme Kyung, qui racontait des « histoires de vélos » et amenait les enfants à poser des questions.
Au total, ont répondu à l’enquête, sous anonymat, des élèves de tous âges, répartis comme suit : • 8 ans (7 élèves), 9 ans (9 élèves), 10 ans (234 élèves), 11 ans (398 élèves), 12 ans (326 élèves, 13 ans (266 élèves), 14 ans (224 élèves), 15 ans (180 élèves), 16 ans (196 élèves), 17 ans (151 élèves), 18 ans (50 élèves), 19 ans (8 élèves), soit au total : 2.049 élèves dont 1.051 filles et 998 garçons.
Nous avons analysé les réponses et, ce qui a étonné, en premier, c’est le désir des enfants de vouloir venir à l‘école en vélo. En effet :
1 - à la question : Aimeriez-vous venir à l’école à vélo ? 67% des jeunes écoliers de l’enseignement primaire ont répondu : oui. 52% des élèves de l’école européenne ont répondu : oui
2 - Or, à la question : Comment venez-vous à l’école ? Seuls 2% des élèves du primaire et 4% des élèves de l’école européenne viennent à l’école à vélo.
Pour les écoles primaires : ils sont : 61% à venir en voiture, 18% en transports en commun, 17% à pied, 2% à vélo, 1% en covoiturage, et 1% en trottinette. Pour les élèves de l’Ecole Européenne : Ils sont : 11% à venir en voiture, 68% en bus scolaire, 8% en transport en commun, 9% à pied et 4% à vélo.
3 - A la question : Combien de kilomètres y a-t-il entre votre maison et votre école ?
Entre 0 et 2 kms 36% 23%
Entre 2 et 5 kms 30% 30%
Plus de 5 kms 34% 47%
On le constate, 61% des élèves des écoles primaires vont à l’école en voiture alors qu’ils sont 36% à habiter à moins de 2 kms et 30 % à habiter entre 2 et 5 kms.
Pour l’Ecole Européenne, 68% des élèves viennent en bus scolaire. Ajoutés à cela les 11% qui viennent en voiture, cela fait 79% des élèves qui viennent accompagnés, alors qu’ils ne sont que 47% à habiter à plus de 5kms. La pratique du vélo est, dans les deux cas, insignifiante.
4 - A la question : savez-vous faire du vélo ? Seuls 3% des élèves ont répondu : non Est-ce à dire que les 97% autres savent vraiment rouler à vélo ? A la pratique, on constate que les enfants sont hésitants sur leur vélo, en ville, au milieu de la circulation. La pratique du vélo nécessite un apprentissage de tous les jours, depuis la tendre enfance, ce qui se fait dans d’autres pays ou régions voisines, les rangs à vélo sont de pratique journalière, dès le plus jeune âge.
5 - Les raisons de la non pratique du vélo à Uccle sont connues et confirmées par notre enquête :
• le danger de faire du vélo à Bruxelles et à Uccle en particulier ;
• le manque d’aménagements sécurisés pour la pratique du vélo dans l’espace public ;
• Le manque d’actions et d’aménagements en faveur du vélo, dans les écoles ; Le danger est en effet la première cause de la « non pratique » du vélo en ville, et ce pour 43% des parents et enfants des écoles communales et pour 29% des parents et élèves de l’école européenne.
Par ailleurs, une idée reçue, venant des responsables de la mobilité, nous apprend que les « logos-vélos » entre les rails de tram permettent de rappeler que les vélos existent… L’enquête montre que cette présence des « logos entre les rails de tram » a plutôt un effet négatif sur la pratique du vélo et est considérée comme dangereuse par 90% des élèves du primaire et 70% des élèves de l’école européenne.
Les autres raisons de la « non pratique » du vélo, pour aller à l’école, sont :
• La longueur du trajet pour 24% des élèves,
• La difficulté du trajet (dénivelés) pour 11% des élèves,
• La météo pour 7% des jeunes élèves du primaire et 20% des élèves de l’Ecole Européenne
Que pensent les élèves des actions et aménagement dans les écoles :
6 - Absence de rangs à vélos
40% des élèves répondent vouloir venir à l’école à vélo s’il y avait des rangs à vélos organisés.
7 - Absence de parkings à vélos dans les écoles :
• près de 70% pensent qu’il y a des parkings à vélo dans leur école, contrairement à ce qui existe en réalité (pas plus de 10 places par école) ;
• 4% ont peur de se faire voler leur vélo à l’école.
Le manque d’aménagements sécurisés sur l’espace public ressort également des réponses.
8 - Tous types de déplacements confondus (à pied ou autre), ils sont :
• 40% à considérer « dangereux » le chemin vers l’école. • 23% font mention du mauvais état des trottoirs,
• 16% regrettent l’absence de passage-piétons.
9 - Seulement 6% des élèves du primaire et 11% à l’Ecole Européenne connaissent les ICR (Itinéraires Cyclables régionaux)
10 - Seulement 6% des élèves du primaire et 13% à l’Ecole Européenne connaissent les ICC à Uccle (Itinéraires Cyclables Communaux)
11 - Aucun élève ne connait la notion de « rue cyclable », confondue avec la notion de « piste cyclable »
Pour rappel, la notion de rue cyclable est entrée en vigueur depuis le 4 décembre 2012, en Belgique. La vitesse automobile autorisée dans les rues cyclables ne peut jamais dépasser 30 km/h et les personnes roulant vélo y sont prioritaires sur les voitures. A Bruxelles, seul le bas-côté de l’avenue Louise (dans le sens Bois –Ville) a ce statut, ce qui explique la méconnaissance relevée.
12 - Nous terminerons par le comportement des automobilistes, sur l’espace public :
57% des élèves trouvent les automobilistes trop agressifs
En conclusion :
Nous mettons en avant le constat fait par certains responsables d’écoles : les enfants venant tous les jours à l’école, à vélo, sont moins fatigués, plus attentifs et réussissent mieux.
Nous remercions l’ACQU d’avoir initié cette réunion sur les Plans de déplacements scolaires (PDS). La sensibilisation à d’autres modes de déplacements que celui de la voiture est un élément essentiel dans la diminution des nuisances apportées par les voitures, en milieu urbain (pollution et insécurité en ville).
Les résultats de l’enquête ont été présentés devant les directions d’écoles lors de la réunion du 24 octobre 2017. Nous remercions l’Echevine de l’Education de nous avoir aidés auprès des écoles communales, ainsi que l’Echevin de la Mobilité, présent lors de cette réunion d’information.
Et, enfin, une petite histoire vraie, pour terminer sur une note enfantine de bon sens : Une jeune enfant de huit ans, roulant à vélo sur la chaussée d’Alsemberg, le jour du dimanche sans voiture, a demandé à sa maman : « Dis maman, pourquoi a-ton mis les rails de tram sur la piste cyclable ? ».
Xavier Retailleau
Asbl « Oxy15 mon quartier, ma vie »