Article paru dans la Lettre aux habitants n° 61, septembre 2009.
« A tous les surhommes, il faut préférer ce spectacle rare entre tous : un homme juste, et juste un homme »
(Paul CLAUDEL) |
Le décès de Paul ANTOINE, le 12 juin 2009 (à l’âge de 83 ans) à la suite d’une pénible maladie, a été pour ceux qui le connaissaient bien, un moment de grande émotion et de profonde tristesse. Personnellement, je connaissais Paul depuis plus de 30 ans. J’ai fait sa connaissance en 1976 et je peux affirmer en toute objectivité que j’ai immédiatement été conquis par ses qualités intellectuelles, morales et son engagement déterminé pour promouvoir une société plus juste, plus humaine et un environnement au service de la qualité de vie de ses habitants.
Pour une personne de 30 ans comme moi à l’époque, désireuse de participer à des réflexions et actions pour un projet de ville libérée des effets destructeurs de la « bruxellisation », faire la connaissance d’un Paul ANTOINE et travailler avec lui fut une chance inespérée, comme celle d’ailleurs de faire partie du groupe de travail chargé de la rédaction du Livre Blanc anti-périphérique (publié en 1978) qui, outre Paul, comprenait des personnalités aussi remarquables que Paul GÉRARD, Franz WOLFF-CAMMAERTS, Louise BECKERS-GILBERT, Jacques NIFFLLE, Pierre MALDAGUE.
Paul travaillait sur tous les dossiers de l’ACQU. Il se rendait continuellement à la Commune, particulièrement au Service de l’urbanisme, pour prendre connaissance du contenu des plans et projets, surtout ceux qui étaient soumis à l’enquête publique.
Rappelons si besoin est, qu’il fut la cheville ouvrière (avec son fils Frédéric) de la création de « Radio 1180 », qui fête cette année ses 30 ans d’existence. Il en fut le président depuis sa création et le contenu des émissions à fortes connotations urbanistiques et environnementales résulte évidemment de ses multiples activités.
Paul a assuré la présidence de l’ACQU durant 15 ans. Précisons encore que l’ACQU a éprouvé le vif besoin de faire de Paul, son Président honoraire (depuis 2007) afin de matérialiser de manière symbolique son rôle primordial, ses multiples engagements et mérites.
récisons que toutes les informations qu’il accumulait étaient soigneusement codifiées, informatisées et archivées. Un terrible défi pour l’ACQU, aujourd’hui, est évidemment de voir comment continuer, ne fût-ce que partiellement, l’œuvre de Paul et la gestion des dossiers.
Un autre trait du caractère de Paul : sa sagesse innée, son calme et son incroyable modestie. Il assumait toutes ces tâches avec efficacité et dans une discrétion totale. On réalise combien cet homme au service de la Société et des citoyens était un être exceptionnel. C’est la raison pour laquelle il m’est souvent arrivé de le comparer à l’abbé PIERRE.
Malgré nos différences philosophiques, je me plais à affirmer que je n’ai jamais eu de dissensions avec Paul ; il n’y a jamais eu entre nous un quelconque différend.
En fait, on se respectait mutuellement et nous cultivions entre nous une amitié profonde, quelque part fort imprégnée d’aspirations utopiques. J’avoue humblement que sa disparition aujourd’hui représente moralement et matériellement un vide difficile à maîtriser, tant Paul par sa nature et son expérience était un prodigieux capital de valeurs et de repères !
Mon cher Paul, même si nous ne dialoguions plus qu’en serrant nos avant-bras, on s’est bien compris jusqu’à la fin, en toute fraternité.
Tu voulais partir rejoindre ton épouse (décédée il y a un peu plus d’un an) ce qui était un rêve parfaitement compréhensible. Mais sache, qu’ici-bas, nous ne t’oublierons jamais car, si l’ACQU est ce qu’elle est, c’est principalement grâce à toi.
Bernard JOURET
Président