Les récentes informations concernant les dégradations de la qualité des sols et de l’eau, dans certaines régions de Belgique (pollution PFAS), ont réveillé les craintes des habitants du « quartier du Bourdon ».
Car les pollutions, on en parlait déjà en juillet 2021, lorsque le projet de construction sur l’espace « Bourdon 100 », adossé à la zone polluée de l’ancienne usine Illochroma (au nord du site), était passé en concertation.
Rappelons qu’à l’époque, la commission de concertation avait donné un avis défavorable unanime, justifié par 30 pages de motivations. Il s’agissait d’un rejet complet du projet qui prévoyait beaucoup de logements : 222 pour 23.265,3 m² de surface plancher et seulement 725,9 m² pour 4 espaces de production immatérielle, bien loin sous le seuil maximal de 7.000 m² potentiels pour l’ensemble du site « Jardins du Kinsendael ».
Ce vaste projet immobilier avait pour effet de modifier fondamentalement la philosophie d’aménagement tel que régi par le PPAS 66. Il y avait, entre autres, une dizaine de dérogations importantes au PPAS et au RRU.
Volontairement, le projet immobilier a été « saucissonné » en laissant de côté, pour la seconde phase, l’importante surface polluée de l’ancienne usine Illochroma. Pourtant, les reliquats de cette usine pourraient bien avoir des effets négatifs sur l’ensemble du projet.
Suite à une demande des riverains de la rue du Bourdon, Bruxelles Environnement (BE) nous informe que la partie Illochroma dans le bas est reprise en catégorie 4 sur l’échelle des pollutions du sol.
A quoi correspond la « catégorie 4 » ? C’est ce que nous apprenons sur leur site : « Le sol est pollué. Des études, un assainissement, un traitement ou un suivi des mesures de dépollution y sont en cours. En cas de vente, vous devez disposer obligatoirement d’une étude de sol déclarée conforme. La personne qui achète ou celle qui cède le terrain doit aussi s’engager à exécuter la suite des obligations de traitement fixées par Bruxelles Environnement et avoir constitué une garantie financière pour le faire. »
Après démolition des bâtiments de l’usine, on nous a dit que BE suivait les mesures de dépollution de cet espace ; elles sembleraient être encore en cours mais personne ne sait vraiment de quelle(s) pollution(s) il s’agit, ni en quantité ni en qualité.
Si on retourne à la Commission de Concertation du 26/06/2013, touchant le Plan Particulier d’Affectation du Sol (PPAS) n°66, pour les zones Château d’Or, Bourdon et Bigarreaux, on remarque que les conclusions du RIE (Rapport d’Incidences Environnementales) de l’époque étaient considérées comme incorrectes mais aussi incomplètes. En effet, en dehors des pollutions connues, (sols et eaux souterraines), d’autres pollutions avaient pu être identifiées en mars 2012, dont une pollution sévère et pas délimitée avec des risques de migration jugés très importants.
La partie supérieure du terrain rue du Bourdon serait en catégorie 3, ce qui signifie : « Le sol est pollué, mais les risques sont tolérables. Vous devez respecter certaines restrictions d’usage, par exemple : ne pas y cultiver un potager ou y construire une cave, ne pas installer une tuyauterie d’eau potable ou y implanter un logement sans gérer les risques de pollution. »
Pourtant le projet de construction de plus de 200 logements sur cette partie sud du projet, inclut inévitablement l’amenée d’eau potable mais aussi le creusement de caves et de parkings souterrains. Et nous pouvons complètement abandonner l’idée d’un potager collectif ou potager partagé !
Et que se passera-t-il lorsque les fondations des bâtiments seront creusées, dans un mélange de sol pollué aux PFAS et d’eaux souterraines en contact avec la réserve naturelle du Kinsendael et le Geleytsbeek ? Est-ce vraiment autorisé ?
On comprend aisément que les riverains soient inquiets et se posent nombre de questions sur la qualité de leur environnement et ses effets sur leur santé : quels types de pollutions ? Quels degrés de pollution ? Comment y remédier ? Quels résultats après dépollution ? Informera-t-on correctement les futurs propriétaires ou locataires de la situation ?
Pour répondre à ces questions, des riverains ont contacté par messagerie Bruxelles Environnement. Celle-ci leur a répondu que les informations quant à l’étude des sols et au suivi du chantier de dépollution restent confidentielles et d’ordre privé sauf autorisation du propriétaire du terrain. Ce qui laisse perplexe !
Devant ces incertitudes, ne faudrait-il pas appliquer le « principe de précaution », tant que les résultats des analyses n’ont pas été présentés aux riverains, qui confirment un assainissement profond des lieux et tout à fait sûr pour l’environnement fragile des eaux du Geleytsbeek.
Si la Région a octroyé un permis de dépollution, avait-elle pris et prend-elle toutes les mesures nécessaires pour connaître les véritables enjeux de cette dépollution sur les futures constructions ? Autant de questions qui devraient pouvoir obtenir des réponses dès à présent !
Pour des habitants inquietsFrançoise, Martine, Benoît et Xavier