Jardin et potagers : TYPOLOGIE

Article paru dans La Lettre aux Habitant n°84, juin 2015

Nous avons identifié différents types de jardins potagers. Il n’est pas toujours évident de les classer tant
les initiatives et objectifs de leurs promoteurs sont généralement riches et s’entremêlent. La classification
proposée ci-dessous ne doit donc nullement être considérée comme stricte ; elle présente néanmoins
l’avantage de clarifier un minimum notre sujet d’étude.

LES POTAGERS FAMILIAUX

Ces jardins trouvent leur origine dans les potagers ouvriers, du temps ou les potagers étaient plus une
nécessité économique qu’autre chose. Ils s’installaient souvent sur des friches.

Les parcelles étaient éventuellement louées et les utilisateurs ne devaient, à priori, ni justifier leurs
pratiques culturales, ni s’entendre avec leurs voisins.

De nos jours les friches sont de plus en plus rares et le type de gestion a changé : une grande part des
potagers est implantée sur des terrains appartenant à des entités publiques ou à de gros groupes
immobiliers. Les utilisateurs doivent de plus en plus souvent respecter certaines règles.

LES POTAGERS COLLECTIFS

Les potagers collectifs sont apparus plus récemment. Ils sont le résultat d’une réelle organisation
collective et participative où efforts et moyens (outils, compost) sont mis en commun. Partage et
convivialité sont au rendez-vous. Le plus souvent, les utilisateurs s’engagent à ne pas utiliser de
pesticides, désherbants et engrais chimiques.

En ce qui concerne les terrains, la situation est comparable à celle des potagers familiaux mais il y a
souvent établissement d’une convention à titre précaire destinée à pérenniser le plus possible l’action.

Dans la réalité journalière, les différences entre potagers familiaux et collectifs ont tendance à devenir de
plus en plus ténues.

De part et d’autre, il y a souvent une mise en commun d’expériences, d’échanges, de services et de
semences, ainsi qu’une gestion communautaire de certaines parcelles.

La plus grande différence est sans doute que dans un potager collectif les objectifs sont clairement définis
et les décisions ainsi que la gestion de conflits soumises à consensus.

LES JARDINS MARAÎCHERS

Le maraîchage est la culture de légumes, de certains fruits, de certaines fines herbes et fleurs à usage
alimentaire, de manière professionnelle, c’est-à-dire dans le but d’en faire un profit ou simplement d’en
vivre, ce qui le distingue du jardinage.

En région bruxelloise, il existe à notre connaissance, à l’heure actuelle, trois zones de maraîchage : à
Neder-Over-Heembeek, à proximité de la Ferme Nos Pilifs, une ferme urbaine agro-écologique
www.gasap.be, à Watermael-Boisfort sur le site du « chant des Cailles » www.chant des Cailles.be, à
Bruxelles Centre, « Le Potager sur le toit » (au-dessus de la bibliothèque Nationale) www.potage-toit.be.
Et en projet, à Anderlecht, une ferme urbaine de 3.000m² qui sera installée sur le toit de la nouvelle halle
alimentaire sur le site des abattoirs.

LES JARDINS PÉDAGOGIQUES

Ils sont gérés par des écoles, des associations, institutions privées ou publiques à destination de publics
spécifiques. Les intérêts et objectifs de la mise en place d’un jardin pédagogique sont nombreux :

  • Expérimenter de manière pratique et ludique le rapport qui existe entre nature, nourriture et
    respect de l’environnement.
  • Faire connaître des espèces végétales, des légumes anciens, des goûts nouveaux (goûter des
    légumes crus…)
  • Faire connaître le rôle et le cycle de vie du monde végétal du semis à la fructification et leur
    place dans notre alimentation.
  • Permettre une expérience pratique du terrain.
  • Écologie et jardinage : Faire connaître les différents types de cultures possibles
    (conventionnelles, intégrées, intensives, écologiques, etc.) et leur impact sur l’environnement
    (gestion de l’eau, de l’énergie et des déchets), l’importance de l’équilibre naturel et les liens
    entre cultures, auxiliaires, ravageurs et maladies, …

Dans les écoles, ces jardins sont généralement, à l’origine, le fruit de l’initiative d’une personne
"ressource" au sein de l’établissement : il peut s’agir du directeur, d’un enseignant ou autre personne
relais. L’aménagement et le maintien d’un jardin pédagogique scolaire demande beaucoup de patience et
de ténacité. L’hiver est une période ingrate qui souvent décourage les élèves, et il est souvent difficile en
été, pendant les « grandes vacances », d’organiser une permanence d’entretien. Motiver parents et
élèves relève alors d’un véritable défi pour aider à la remise en état des parcelles… Ce besoin en
persévérance est toutefois récompensé lorsqu’on voit le plaisir et l’intérêt que portent les élèves au
jardinage.

Le « retour à la terre » est un élément qui mériterait d’être davantage exploité au sein du programme
scolaire. Cette sensibilisation est d’autant plus importante que l’environnement en milieu urbain est
généralement de plus en plus « bétonné ».

LES "COINS" COMPOST

Le compostage est un processus biologique de conversion et de valorisation des matières organiques
( sous-produits de la biomasse, déchets organiques d’origine biologique) en un produit stabilisé,
hygiénique, riche en composés humiques : le compost. Il s’agit en fait d’un “amendement” que l’on peut
assimiler à un terreau enrichi. Il ne contient cependant pas autant de fertilisants qu’un engrais classique.
Le compostage peut être réalisé à l’échelle d’un foyer ou de plusieurs foyers.

Les espaces dédiés au compostage ne sont en soi pas des jardins mais y sont directement associés
puisqu’on y recycle les restes organiques et végétaux en provenance de la cuisine ou du jardin et qu’ils
servent au final à fertiliser les arbres fruitiers, les potagers ou autres plates-bandes. Ainsi nombreux sont
les quartiers qui disposent d’un compost même si ceux-ci ne sont pas nécessairement liés à un jardin
spécifique.


Petit potager collectif à la Roseraie (Ch. d’Alsemberg) mai 2015


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1er juin 2015