Le titre est accrocheur mais il est justifié par les nombreux Ucclois, écoliers, étudiants, travailleurs ou autres, qui prennent leur train à Linkebeek pour aller au centre ou à l’est de Bruxelles. Linkebeek, c’est la gare « RER » par excellence !
En semaine (et le samedi à partir de décembre 2017), deux trains par heure rejoignent la jonction Nord-Midi en un temps record, même aux heures de pointe. On atteint Bruxelles-Midi en 7 à 10 minutes ! Ou la gare Centrale en un quart d’heure, et de là, la Grand-Place de Bruxelles à 5 minutes à pied ! Mais ce n’est pas tout : bien que la gare de Linkebeek soit sur la ligne 124 Bruxelles – Charleroi-Sud, on a aussi deux trains par heure qui bifurquent vers Saint-Job et le Vivier-d’Oie (ligne 26 Hal – Vilvorde) puis vers Etterbeek et le quartier européen (ligne 161 Namur – Bruxelles) et finalement se retrouvent à nouveau sur la ligne 26 vers Bordet via le tunnel Schuman-Josaphat ouvert en avril 2016 !
Nombre par heure des trains S (Suburbain) et IC (Inter-City) qui desservent Linkebeek( [1]) :
La section Uccle-Calevoet – Rhode a été mise en service en décembre 1873, trois mois seulement après la section entre Bruxelles et Calevoet ( [2]). Pour vaincre le relief très accidenté au sud de Bruxelles, on a construit deux remarquables viaducs à Uccle, l’un au-dessus de l’Ukkelbeek à Stalle et l’autre au-dessus du Geleytsbeek à Calevoet.
Tandis que pour traverser le Verrewinkelbeek à Linkebeek, on a préféré édifier un énorme talus entre les rues Kleindal et Bloemhof. Longtemps caché sous les arbres, ce n’est que depuis la coupe (radicale) des arbres au printemps 2017 que l’on se rend compte que ce talus n’est pas une fantaisie de la nature, mais bien un ouvrage d’art colossal pour l’époque !
C’est à l’extrémité nord de ce talus que la gare de Linkebeek est construite vers 1890 ( [3]). Le retard par rapport à la date d’ouverture de la ligne est peut-être dû à l’influence du châtelain local ?
On rapporte ( [4] ) que quelques années auparavant le baron d’Anethan avait eu peur de voir « sa » commune envahie par les citadins et son repos troublé par des intrus. Sous pression, l’administration des chemins de fer renonça à la gare de Linkebeek et en fit construite une autre à Uccle-Stalle, faisant double emploi avec celle d’Uccle-Calevoet...
La ligne est électrifiée en 1949. Pour faire passer les caténaires, il faut reconstruire plusieurs ponts trop bas dont celui de l’avenue des Hospices ( [5] ). C’est heureux, l’ancien pont était très étroit ( [6] ) !
En 1980, la sympathique gare de style classique XIXe avec son poêle au milieu de la salle des guichets est détruite au profit d’un bâtiment au look avant-gardiste. Les amateurs de béton et de volumes anguleux ont pu apprécier… La gare est fermée à peine 13 ans après, en 1993 ( [7] ), et elle sera à son tour détruite en octobre 2013 [8] ) pour rejoindre la longue liste des travaux inutiles.
Sur la commune de Linkebeek, la construction du RER bruxellois n’a toujours pas démarré à cause de petits tracas linguistiques.
Mais du côté ucclois, l’élargissement de l’assiette ferroviaire est terminé jusqu’au-delà du croisement de la ligne 26. C’est à cette intersection que devrait être déplacé le point d’arrêt du Moensberg. Il ne reste qu’à déposer les rails et à assembler les quais... Sauf que depuis plus de deux ans, plus rien ne bouge. Et c’est bien regrettable. Car ces rails auraient permis aux trains en retard de laisser passer les autres sans les bloquer. Et aux voyageurs de ne plus payer un tarif prohibitif comme c’est le cas à Linkebeek.
Car la gare « uccloise » de Linkebeek est située à… Linkebeek. Bien qu’elle soit à quelques mètres d’Uccle. Et qu’une partie des quais soit à Uccle. Et que l’arrêt STIB « Linkebeek Gare » soit à Uccle. Et que son (futur) parking de dissuasion soit aussi à Uccle.
Mais l’abonnement MTB n’y est pas valable. Ni la carte Jump. Ces deux billets permettent pourtant de prendre les trains, les métros, les trams et les bus STIB, De Lijn et Tec en zone bruxelloise (zone dite « MTB » par la STIB ou dite « Zone de Bruxelles » par la SNCB).
À Linkebeek, le voyageur paye très cher le fait de traverser en train la frontière régionale ( [9] ).
Et si ce voyageur doit ensuite prendre un transport en commun de la STIB, De Lijn ou Tec, alors là le tarif fera plus que doubler pour franchir quelques mètres !
Curieuse manière de favoriser les transports en commun dans la périphérie de Bruxelles !... On parle souvent d’« intermodalité » entre les transports en commun mais en pratique, c’est autre chose !...
Pourtant des élus francophones tentent régulièrement d’étendre la zone MTB à Linkebeek. Sans succès face aux ministres fédéraux flamands ( [10]). Il serait pourtant logique qu’après avoir déboursé une certaine somme entre Linkebeek et Bruxelles (ou n’importe quelle autre gare de Belgique) que le billet soit aussi valable dans les transports en commun de Bruxelles.
Alors, comme le fait de parler de modifier la zone MTB risque de créer un incident diplomatique ou de provoquer l’éclatement de la Belgique, créons un nouveau billet : « MTB+RER » ou « MTTBB+ » (pour Métro-Train-Tram-Bus à Bruxelles et périphérie)… En attendant qu’un tel billet existe et qu’il ait un prix attractif, il est très tentant de laisser tomber le train et d’utiliser sa voiture malgré les embouteillages chroniques du sud d’Uccle !
Depuis 2013, un nouveau pont traverse le chemin de fer à Linkebeek. Le carrefour avec les rues de la Station et du Château et du square Maas a été nettement amélioré. Mais la dalle de béton coulée au-dessus des rails côté ucclois ne peut toujours pas accueillir le parking de dissuasion prévu pour 80 places !
La SNCB, propriétaire des lieux n’aurait plus de quoi financer la couche de macadam manquante ( [11])… Quand on pense aux gares grandioses de Liège et de Mons… Une vraie histoire belge ! Mais d’après la SNCB ( [12] ), Infrabel et la commune d’Uccle négocient actuellement un contrat « portant constitution d’un droit de superficie relatif à la dalle située à hauteur de la halte Linkebeek, en vue de la création d’un parking public par la Commune ». On attend avec impatience (depuis 2013) le résultat. On notera par contre l’embellissement de la gare du Vivier d’Oie. Du « Street Art » pour sécuriser les lieux… pour 190.000 € ( [13]).
Quant à la gare de Linkebeek, elle devrait être réaménagée en point d’arrêt (c’est-à-dire une « gare » sans bâtiment). Mais le permis de bâtir a été annulé en 2013 et réintroduit quatre ans plus tard, en 2017 ( [14])… Faut-il vraiment un tel permis et de tels délais pour simplement re-daller un quai ?...
À noter que comme il n’y aura plus de bâtiment, il suffirait de décaler un peu les quais vers Uccle et de renommer le point d’arrêt en « Uccle-Sud » pour qu’il soit accessible aux tarifs « MTB » !… Mais l’aiguillage vers la ligne 26 qui prend naissance sous l’ancien pont rend cette proposition un peu caduque…
Finalement, fin 2017, où en est-on ?
• de « sympathiques » grillages entourent toujours l’emplacement de l’ancienne gare
• de hautes palissades taguées bouchent la vue à l’arrêt de la STIB installé sur le nouveau pont
• le nouveau pont, plus haut que l’ancien (le pont a été construit par au-dessus des caténaires pour ne pas perturber la circulation des trains pendant les travaux), est plus difficile à franchir par les vélos, les PMR et les personnes âgées
• le nouveau pont, à côté de l’ancien (ici aussi pour ne pas perturber la circulation routière lors de sa construction) se raccorde à l’ancien tracé de l’avenue des Hospices dans un virage très serré ; par mesure de sécurité ce virage est bordé de blocs de béton ; jolis.
• un nouvel escalier relie l’arrêt de bus à l’ancien trottoir du côté de la gare : il est totalement impraticable par les PMR et les personnes âgées car le trottoir en plan incliné ne coïncide pas avec la première marche et aucune rampe ne permet de se tenir !
• et la dalle de béton, quatre ans après avoir été coulée est toujours impraticable pour le parking de 80 places…
Finalement, ce pont bordé de palissades, ces escaliers impraticables, cette gare qui n’en est plus une et ce parking qui n’en est pas un… cet endroit est devenu sinistre… Sinistre et sinistré !...
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Olivier Koot,
Membre du comité de quartier « Les Amis des bois de Buysdelle et de Verrewinkel »
http://www.lesamisduboisdeverrewinkel.be/