LA POLITIQUE DE LA MOBILITÉ : UN BEL EXEMPLE D’INDÉCISION

Article paru dans La Lettre aux Habitants n° 73, septembre 2012.

Quelqu’un qui débarquerait à Bruxelles, venant
d’une autre planète et voyant nos problèmes de
circulation, devrait nous plaindre et se demander
comment en sortir. Peut-être suggérerait-il qu’on
procède à une étude sérieuse du problème et
qu’ensuite on mette en œuvre sans tarder la ou les
solutions recommandées.

Notre monde politique donne l’impression de personnes
découragées par le problème, qui ont peur
de se mettre les automobilistes à dos, qui suggèrent
de procéder à des études, puis…qui mettent
tout cela de côté en attendant d’autres études …
Finalement, tant qu’on avance, il n’y a pas à se précipiter
 ! Et cela dure depuis des années …

Nous avons pu mettre la main sur une « ÉTUDE
D’UN SYSTÈME PRATIQUE DE TARIFICATION DE
L’USAGE DE L’INFRASTRUCTURE ROUTIÈRE EN
ZONE URBAINE ».

Un 1er volume définit le système
(66 p.), suit un projet de mise en œuvre dans l’agglomération
bruxelloise (46 p.) et il y a un volume
d’annexes (100 p.)

Cette étude a été réalisée par
la SOBEMAP (Société Belge d’Economie et de Mathématique
Appliquées) pour le compte du Ministère
des Communications.

Tout y est décrit dans le
détail : le constat de la congestion dans notre réseau
routier principal et dans les voies secondaires – les divers systèmes envisageables pour y remédier,
dont le système de la vignette, qui est recommandé,
avec son coût, ses modalités pratiques,
les zones où on pourrait l’appliquer, le contrôle de
son application, des variantes pour arriver à un système
simple et équitable – etc …

Un travail remarquable et qui aurait pu servir.
De quand date ce travail ? De 1973 !! Qu’en a fait
le Ministère des Communications ? A-t-il été transmis
à Bruxelles Mobilité ? Probablement tout ceci
a-t-il été rangé dans un tiroir et oublié pour toujours.
Depuis lors les contribuables ont dû payer
des études semblables et ce n’est pas fini… Voilà
bien un exemple de mauvaise gouvernance.

Nous ne prétendons pas que cette étude allait permettre
de tout régler. Mais simplement qu’en ne
prenant pas des mesures sérieuses, depuis les dizaines
d’années que le constat est établi, nos gouvernants
ont laissé pourrir le problème. On a
l’impression que nos (mal nommés) décideurs ne
prennent que des mesurettes, cherchent à « fluidifier
 » le trafic, alors qu’ils savent parfaitement bien
qu’à terme cela ne servira guère. C’est le règne du
fatalisme.

Or, chacun sait que l’enjeu de ce problème très
complexe est d’importance, qu’il y a urgence, qu’il
faut concilier les intérêts économiques avec les impératifs
écologiques, que la congestion coûte une
fortune, …

Qui est responsable de cet état de choses ?
Pratiquement tout le monde : les automobilistes
qui ont toutes les bonnes raisons de dire qu’ils ne
peuvent se passer … etc…, le lobby de la voiture,
mais aussi et surtout notre monde politique qui est
là pour décider.

Mais – penseront les politiques – si
on prend des mesures pour réduire la circulation
des voitures individuelles, nous perdrons nos électeurs
 ! Que d’autres le fassent, mais pas nous !
Est-ce si sûr ? Cette crainte n’est-elle pas excessive ?
Certes, il ne peut être question de « casser » la voiture,
d’être contre des déplacements en voiture individuelle.

Mais il y a quand même moyen de
prendre le problème à bras le corps, d’être imaginatif,
de penser une autre manière de vivre en
ville. Dans d’autres villes on l’a fait, et les craintes
exprimées au début par certains se sont dissipées.
C’est d’une révolution dans les esprits, dans nos esprits
à nous tous, dont nous avons besoin.

Denys Ryelandt