LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL DE QUALITE

L’EXEMPLE DE LA VILLA POLAK AVENUE HAMOIR

La villa construite par Michel Polak au 45 avenue Hamoir en 1935 est reprise dans l’œuvre de l’architecte exposée actuellement à la Fondation Boghossian (Villa Empain). Cette villa a été construite pour Monsieur Bourtembourg, Theo Fleischman ayant commandé à Michel Polak la villa voisine. Des œuvres de Michel Polak on connaît le Résidence Palace, les Galeries Anspach, la Villa Empain et le cinéma Plaza. On connaît moins ses maisons unifamiliales dont deux au moins se trouvaient avenue Hamoir.

Au numéro 39 il y avait la villa Mautsch, attribuée à Michel Polak, copie presque conforme de la Villa Empain, et qui fut abattue dans les années 1970. Les villas aux numéros 43 et 45 formaient jusqu’il y a peu un ensemble construit pour Monsieur Bourtembourg et pour Monsieur Théo Fleischmann, journaliste, écrivain, et pionnier de la radiodiffusion (on lui doit le premier journal parlé radiophonique dans le monde en 1926 !). Aujourd’hui seule la villa construite pour Monsieur Bourtembourg au numéro 45 est encore existante, mais pour combien de temps ?

Malgré une décision de refus de permis d’urbanisme prise par le Collège des bourgmestre et échevins de la commune d’Uccle sur proposition unanime de la Commission de Concertation dans un dossier qui proposait la démolition de la dernière villa et la construction de 5 appartements, celle-ci reste menacée.

En effet le promoteur est en appel à la Région bruxelloise malgré l’avis unanime de la Commission de Concertation, et après un avis négatif de la Commission Royale des Monuments et Sites et malgré l’opinion très négative émise par l’administration de la Région bruxelloise lors de la Commission de Concertation.

En outre, le dossier de recours à la Région bruxelloise semble à l’arrêt car incomplet selon l’information reprise sur le site web https://openpermits.brussels/fr/enquetes_publiques. Depuis plus de 8 mois qu’un manquement a été notifié au promoteur !

Qu’est-ce sinon une stratégie du fait accompli de pourrissement de la villa car entre-temps le promoteur a ouvert la villa à tous vents pour laisser les intempéries faire leur ouvrage. Les photos sont éloquentes. Il espère ainsi que la Commune – qui est l’autorité qui peut délivrer le permis – se résignera à l’octroyer malgré son refus antérieur.

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Ce dossier reflète une fois de plus la difficulté à Bruxelles de préserver le patrimoine remarquable, même dans un cas où à la fois la Commune et la Commission Royale des Monuments et Sites demandent au promoteur, de « préserver et de remettre la maison en valeur » (Avis de la C.C. du 5 mai 2021).

Ce dossier est aussi emblématique de l’évolution de l’avenue Hamoir, où d’anciennes belles villas sont progressivement remplacées par des immeubles à appartements, changeant de ce fait la typicité du quartier. Dans ce contexte, il est intéressant de noter que la Commission de Concertation demande à la Commune « …afin de ne pas voir disparaître les éléments les plus intéressants de ce patrimoine bâti, il semble urgent d’élaborer un inventaire des immeubles de ce quartier et de prendre des dispositions pour en préserver les exemples les plus remarquables ».

Les habitants et les comités de quartier demandent dès lors (a) à leur Commune d’initier l’inventaire des immeubles à préserver (avenue Hamoir et même dans tout Uccle), et (b) aux autorités régionales de proposer une législation qui impose sous peine d’amende aux propriétaires et promoteurs de respecter les demandes de remise en valeur de biens remarquables.

André Claes, Eric de Béco, Dominique Vaes, Inge Peumans

Plus d’infos ? Contactez-nous à comitéquartier@observatoireuccle.be

Participez à l’inventaire du patrimoine architectural ucclois construit entre 1939 et 1999 !

L’inventaire du patrimoine architectural 1939-1999 en Région Bruxelloise est en cours d’élaboration et vous pouvez y contribuer !

Depuis le début de l’année, Urban a chargé un consortium formé par la faculté d’Architecture de l’ULB de cartographier ce patrimoine et de le soumettre à des critères objectifs.

Les immeubles les plus intéressants vont donc être repris dans l’inventaire. Une sélection qui ne signifie nullement un classement comme patrimoine. « Ce sont deux procédures distinctes », précise le professeur Géry Leloutre de l’ULB « Un bien inscrit dans l’inventaire n’est pas protégé, au contraire d’un bien classé. Il est seulement décrit comme ayant une certaine valeur. A partir de là, une procédure de classement peut être initiée ou non. Tout reste ouvert. » L’inventaire se veut donc un outil scientifique permettant de se positionner. (source : Le Soir)

Chaque citoyen peut proposer des bâtiments ou sites datant de cette période au moyen du formulaire en ligne sur le site de : https://monument.heritage.brussels/fr/1939-1999/96/

22 mars 2024