L’ENVERS DU DÉCOR |
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La clinique AREA+, maison pilote pour adolescents,
a ouvert ses portes le 1er juillet 2015 au
294 chaussée de Saint-Job, dans le quartier du
Dieweg.
Ce centre – qui s’intègre dans l’entité Fond’Roy/
La Ramée – peut aujourd’hui accueillir jusqu’à
52 jeunes nécessitant une prise en charge médicale
pour diverses raisons, telles que la détresse
psychologique, les troubles alimentaires, la dépression,
la rupture familiale ou encore le décrochage
scolaire. La structure se compose à la fois
d’un hôpital résidentiel, d’un hôpital de jour, d’un
lycée et d’un internat thérapeutiques, d’une polyclinique
et d’un service d’Accueil et Permanence.
Nous, comité de quartier Le Coteau du Dieweg, ne
pouvons que nous réjouir de l’intérêt que porte
notre société au bien-être des adolescents. En
effet, ces établissements d’accueil occupent une
place privilégiée dans le processus de « remise
sur les rails » de ces jeunes en difficulté. Nous
pensons qu’il est essentiel, de nos jours, d’être en
mesure de les accueillir, de les écouter et de les
aider en leur offrant un environnement adapté à
leurs besoins.
Néanmoins, certains riverains ne se sont pas
montrés favorables à ce projet dans notre quartier
et se sont même opposés à la construction de
l’établissement pour des motifs tenant tant à l’affectation
du terrain au sport que pour des risques
de nuisances. Comme le rappelle la Commission
de Concertation dans son avis du 10/11/2010, le
Plan Régional d’Affectation du Sol (PRAS) situe le
projet « pour majorité (Dieweg et intérieur d’îlot) en
zone de sports et de loisirs de plein air, et pour le
solde (chaussée de Saint-Job) en zone d’habitation
avec accès de chaque côté par un espace structurant
», ce qui le rendait incompatible à l’affectation
originelle du terrain.
En effet, avec la présence du centre sportif Les
Jardins du Dieweg et les anciens bâtiments de la
Société Générale, le terrain est considéré comme
zone de sports et de loisirs de plein air, ce qui
rendait la construction d’une clinique contradictoire
avec l’affectation du PRAS. Il y avait aussi
la crainte qu’un tel établissement allait amener
d’importants désagréments pour le voisinage :
mobilité – bruit – sécurité…
En fin de compte, AREA+, devenu propriétaire
de l’ensemble des terrains, a été autorisé à
construire. Toutefois, le permis d’urbanisme était
assorti de conditions bien précises pour justement
protéger le voisinage. En bref, le permis imposait :
Mais, 9 mois après l’inauguration, le constat est
amer…
Malgré nos demandes répétées, plusieurs clauses
importantes du permis ne sont pas respectées.
Les nuisances redoutées sont bien là et certains
aménagements sont insuffisants, voire inexistants…
1. Nuisances sonores
Même si des travaux ont récemment été faits,
le bruit provoqué par les taques d’égout dans la
rampe d’accès au parking, au moment du passage
des voitures, reste incessant et insupportable
pour les riverains qui sont parfois très proches.
Les camions de Bruxelles Propreté s’engouffrent
dans la rampe d’accès au parking à vive allure,
pour aller chercher des poubelles à l’intérieur
de la propriété, plutôt que de les ramasser sur le
trottoir, ce qui provoque inévitablement un réveil
largement anticipé pour le voisinage.
Les pensionnaires semblent autorisés à rester
dehors au-delà de 22 heures, faisant fi de toute
discrétion, alors qu’un couvre-feu devait être mis
en place. Les fumoirs et autres lieux de rassemblement
ont été installés à proximité des habitations
et sont la source de vacarme régulier, tant
en journée qu’aux heures avancées de la nuit.
L’espace récréatif extérieur, qui comporte un terrain
de basket, a été construit en amphithéâtre,
ce qui, en plus de favoriser la propagation des
émissions sonores, les amplifie par réverbération.
Il arrive aussi que certains jeunes soient atteints
de crise, alors qu’ils sont à l’extérieur, et se
mettent à pousser des hurlements juste en dessous
de jardins où peuvent notamment se trouver
des enfants en train de jouer, privant par là les
riverains de la quiétude à laquelle ils sont en droit
d’aspirer.
Certains riverains craignent encore que le système
de climatisation, au vu de son emplacement,
provoque du bruit au moment de sa mise en service,
l’été prochain. Sera-t-il dès lors envisageable
pour les voisins de vivre et de dormir fenêtres
ouvertes sans avoir à subir le ronflement constant
du moteur ?
Quant à l’alarme du bâtiment, son activation, probablement
nécessaire, doit, elle aussi, être supportée
par les riverains plus ou moins proches.
2. Nuisances visuelles
Même si les voisins viennent d’obtenir l’extinction
plus tôt de l’éclairage du parking, ils continuent
néanmoins à souffrir de la trop grande puissance
de ces lampadaires allumés dès 17 h 30, à
proximité des lieux d’habitation. Quel est l’intérêt
d’illuminer, au-delà du parking, les jardins et
maisons alentour, et ce avec des luminaires trop
nombreux, inutilement puissants, surélevés et
placés trop près des habitations ? Sur ce point, de
nombreuses propositions visant à atténuer le problème
ont été faites sans rencontrer de résultats.
À l’éclat de ces lampadaires, il faut aussi ajouter
l’éclairage au néon de la passerelle qui relie la
clinique au lycée, laquelle reste régulièrement
éclairée sans raison apparente jusqu’à 21 h 30,
au plus tôt. Ces éclairages cumulés augmentent considérablement la luminosité déjà trop excessive.
Enfin, et même si nous ne pouvons qu’applaudir
les efforts faits depuis quelques semaines, certains
locaux du lycée et de la clinique, dotés de
grandes baies vitrées, peuvent rester allumés
toute la nuit. Sur la seule période du 23 décembre
au 1er février, nous avons relevé le nombre de ces
négligences. Il en est ressorti que 45 % du temps,
des locaux inoccupés du lycée (contrairement aux
maisons qui leur font face) restaient puissamment
éclairés, perturbant ainsi le voisinage ainsi que la
faune nocturne.
Nous tenons à rappeler que l’exigence environnementale
est pourtant très clairement, et à
plusieurs reprises, notifiée dans le permis d’urbanisme !
3. Promotion de la mobilité douce
et chemin piétonnier
Aujourd’hui, contrairement aux exigences du permis
d’urbanisme, aucune promotion de la mobilité
douce n’est faite, aucun parking pour vélos n’a été
installé et le kiss and drive côté Dieweg – qui devait
limiter l’accès des voitures dans le centre sportif
pour la sécurité des enfants – reste inexistant.
Quant au chemin piétonnier, il demeure résolument
non conforme aux clauses du permis : il
aboutit sur un cul-de-sac, présente divers dangers
et inconforts liés au manque d’entretien et
est inadapté aux cyclistes et poussettes.
4. Entretien et aménagement du terrain
Au moment de la construction, de gros troncs
d’arbres et d’imposantes branches ont été jetés
dans la partie boisée du site, en pente, sous les
terrains de football et la pluie semble les faire
glisser lentement vers les jardins voisins. Il est
manifeste qu’aucun entretien ni contrôle n’est
effectué dans cette partie de la propriété. En
outre, ce bosquet, comme l’entrée côté chaussée
de Saint-Job, commence à ressembler à une
décharge publique : plastiques, canettes, tuyaux,
textiles, journaux dont la quantité augmente de
jour en jour, jonchent le sol. Les voisins vont-ils
être contraints à vivre, de surcroît, à côté d’un
dépotoir ?
5. Plantations
À ce jour, la plantation de nombreux arbres et
haies à feuilles persistantes se fait attendre, ce qui
rend la clinique extrêmement visible depuis les
maisons et jardins avoisinants et nuit à l’intimité
des riverains. Cette situation va également à l’encontre
des stipulations du permis d’urbanisme.
6. Sécurité
La sécurité de l’établissement est loin d’être
optimale. Il manque toujours certaines barrières
et grillages autour du site. La grille d’entrée, côté
chaussée de Saint-Job, reste ouverte toute la nuit.
Nous ne sommes pas restés
les bras croisés
Dès le début de la construction des bâtiments,
notre comité de quartier a tenté d’insuffler un
certain dynamisme collaboratif et a montré sa volonté
d’établir une relation de bon voisinage. Nous
nous sommes présentés, nous avons organisé
des rencontres, ouvertes aux riverains, avec les
responsables de la clinique. Nous nous efforçons
de faire preuve d’ouverture d’esprit, de tolérance,
de patience, et nous avons fait des propositions
concrètes en vue d’améliorer les conditions de
cohabitation. Quelques riverains se disent même
prêts à mettre la main à la pâte pour résoudre
certains problèmes.
Malheureusement, cette volonté de vivre ensemble,
en harmonie et dans le respect des autres
ne semble pas réciproque. De nombreux riverains
se sentent lésés, laissés pour compte. Certains
envisagent même de quitter le quartier.
Malgré cela, nous continuons de croire en la possibilité
d’une communication fructueuse afin de
trouver des solutions satisfaisantes et durables.
Nous insistons auprès de la Commune pour qu’elle
use de son pouvoir en vue de faire appliquer toutes
les clauses du permis et d’ainsi pacifier le climat.
Comité de quartier « Le Coteau du Dieweg »