Article paru dans la Lettre aux habitants n° 63, mars 2010.
Cette nouvelle nous est pénible à tous. Car cet espace vert classé de 60 ares, situé à l’angle de la rue de Stalle et de la rue Victor Gambier est mis en vente par la Poste, propriétaire des lieux, pour la somme de 195.000 €.
Il faut savoir que la Commune d’Uccle, sur base d’une convention, entretenait cet espace public. La Commission Royale des Monuments et Sites ainsi que la Commune planchaient par ailleurs sur un projet de restauration du site ; il était même prévu que la Région bruxelloise finance les travaux à 80%.
La vente du Parc bouleverse la donne : toutes les études et travaux projetés sont abandonnés sur décision du Collège échevinal. L’Administration communale a sécurisé le site et n’assure donc plus l’entretien et la surveillance du Parc et décline logiquement toute responsabilité en cas d’accident pouvant survenir dans la propriété ou aux abords de celle-ci. La Commune d’Uccle n’a pas
de projet d’acquisition du Parc, pour des raisons budgétaires. La décision de la Poste s’explique probablement, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, par une politique dite de rationalisation. Ce qui est toutefois contestable et regrettable à nos yeux est que la Poste ne s’est pas concertée avec la Commune, qui ignorait son projet. Il paraît que le consortium qui s’occupe de la vente n’a, même pas désiré rencontrer les autorités communales pour discuter du dossier.
Comme nous l’avons dit, le site du Parc Raspail est classé ; nous n’osons imaginer qu’on le déclasse. Mais le risque d’une privatisation du Parc reste à craindre, d’autant plus qu’un projet immobilier (restauration) est en cours sur la parcelle voisine. La Commune a néanmoins questionné la Commission Royale des Monuments et Sites à ce propos en vue d’y conserver éventuellement une servitude publique de passage.
Alors que ce n’est que depuis le 16 décembre 2009 que la Commune n’assure plus l’entretien et la surveillance du Parc, celui-ci connaît aujourd’hui de sérieuses dégradations en tous genres, liées principalement à des rencontres collectives la nuit, accumulant notamment une quantité invraisemblable de déchets et de bouteilles, dont une part non négligeable se retrouve déjà dans la mare (qui doit son existence à une source locale).
Rappelons que de très beaux arbres structurent magnifiquement ce beau parc dont, un gingho biloba, un gros platane, un hêtre magnifique aux feuilles laciniées et un pin de Lord Weymouth. Il est probable que ces arbres prestigieux aient été plantés par Raspail lui-même, qui était un célèbre homme de sciences (notamment botaniste) et qui a loué le domaine dans la période 1857-1862. Raspail était aussi un homme politique et engagé, qui s’est battu avec succès pour les grands projets de l’époque qu’étaient le suffrage universel, l’instruction publique et obligatoire, l’impôt progressif, la sécurité sociale, le sursis en matière judiciaire.
Donc au-delà de l’intérêt écologique et public de cet espace vert classé, il y a aussi la référence historique à une grande personnalité humaine et des idéaux qui constituent un symbole civilisationnel utile et attachant.
Le sujet du Parc Raspail intéresse de nombreux citoyens. Nous y reviendrons, tant la mobilisation de nombreuses consciences s’organise.
Bernard JOURET