Dès 1995, dans le cadre du premier Plan Régional
de Développement, la Région de Bruxelles Capitale
dessinait son réseau d’Itinéraires Cyclables Régionaux
(ICR) pour encourager la mobilité douce. L’idée était
de jalonner la Région de trajets recommandés pour
les déplacements à vélo de moyenne et longue
distance, à travers plusieurs communes. Ce réseau
privilégie les voiries locales, parce que le trafic y est
moins dense, moins rapide, et donc moins stressant
que sur les voiries principales. Ce n’est que pour le
franchissement de certains obstacles naturels ou
artificiels (pont, canal, autoroute, voie ferrée, etc.)
que les itinéraires se rabattent sur les grands axes.
L’objectif initial est donc double : d’une part, baliser
des itinéraires pour guider les cyclistes ; d’autre
part, leur assurer une sécurité optimale. Pour ce
faire, tout au long du réseau, des panneaux indicateurs
spécifiques et des marquages au sol doivent
s’accompagner d’aménagements physiques destinés à
sécuriser les traversées et empêcher le stationnement
illicite. Dans la mesure du possible, ces aménagements
sont identifiables par du mobilier urbain typique et
agrémentés de plantations.
Le maillage total se compose de 19 itinéraires : 12
radiaux allant de la périphérie au centre-ville ; 2
rocades ; 3 tracés le long d’un cours d’eau actuel ou
ancien (canal, Senne, Maelbeek) ; et enfin 1 itinéraire
reliant les deux palais royaux. Dès l’origine, une collaboration
a été mise en oeuvre avec les deux Régions
voisines pour que les itinéraires bruxellois prolongent
des cheminements de plus longue distance. Si la
Wallonie est clairement à la traîne, la Flandre est déjà
sillonnée d’itinéraires, dont plusieurs « RER-vélos »
qui permettent de rejoindre la capitale rapidement
et confortablement depuis la périphérie.
A Bruxelles, la mise en oeuvre a été laborieuse. Près de
20 ans après le coup d’envoi, seuls 5 itinéraires sont
terminés et balisés.
Nom | Parcours |
ICR 01 | Saint-Josse-Ten-Noode - Evere |
ICR 02 | Gare Centrale - Woluwe-St-Lambert |
ICR 04 | Gare Centrale - Woluwe - Rouge Cloître |
ICR 06 | Palais de justice - Linkebeek - Rhode-St- Genese |
ICR 11 | Porte de Namur - Zellik - Asse |
L’ICR 6 relie le Palais de Justice à Rhode-Saint-Genèse
en traversant Uccle.
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Si les premiers bouts d’itinéraires ont été réalisés au
compte-gouttes et qu’il a longtemps été tabou de
rogner les privilèges des automobilistes, particulièrement
au niveau local, il semble que les mentalités
évoluent. Depuis 1995, l’usage de la voiture individuelle
a chuté tandis que les vélos se sont multipliés
et que la fréquentation des transports publics a
explosé. Le cercle vertueux semble engagé : il devient
légitime de prendre en compte les alternatives à
la voiture. Parallèlement, le département régional
chargé du vélo s’est étoffé et peut développer des
mesures plus ambitieuses. Aujourd’hui, la majorité des
itinéraires sont à l’étude, en attente de permis, voire
même en cours d’exécution.
Les dernières intentions
faisaient état d’une volonté de terminer les ICR en
2014, on en est malheureusement bien loin, l’enquête
publique pour Uccle venant à peine de s’achever.
Cela permettra à la Commune d’agir pour la mobilité
en soutenant l’évolution progressive des habitudes,
grâce à un financement régional.
La Région finance et se démène car elle rate de
beaucoup les objectifs qu’elle s’est fixés : 20 % de
déplacements à vélo en 2018, alors que nous sommes
à moins de 4 % aujourd’hui. Si l’objectif est irréaliste,
l’ambition paraît louable. Un seul chiffre pour s’en
convaincre : 65 %. C’est le pourcentage total des
déplacements dans Bruxelles qui font moins de 5 km.
Une distance qui peut pourtant être parcourue à vélo
par la plupart des gens. Mettre davantage d’Ucclois
en selle permettrait dès lors de dégager grandement
la voirie et d’y faire de la place pour ceux qui ont
réellement besoin d’un véhicule motorisé.
Théoriquement, les ICR constituent une base fondamentale
à la mobilité cycliste. Hélas, comme on
pourra le lire dans cette Lettre aux Habitants, ils ne
sont pas toujours mis en oeuvre selon les critères de
qualité initiaux, en termes de confort et de sécurité.
Dès lors, ils risquent de se révéler peu efficaces.
Comme bien souvent, certains choix prouvent que
les principaux intéressés, les cyclistes qui empruntent
déjà ces rues, n’ont pas été consultés au préalable,
tandis que d’autres aspects du projet laissent présager
d’une curieuse ignorance de la réalité : une bande
« confort » de 50 cm, alors qu’une remorque enfant
fait 80 cm de large ; les parents apprécieront.
La signalisation des ICR a été élaborée de manière
à ce que les panneaux soient clairement identifiés
comme destinés aux cyclistes (d’où la présence d’un
logo vélo).
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Les ICR y sont indiqués par leur numéro ou lettre, ainsi
que par une couleur. Aux intersections, les directions
vers les différents ICR sont mentionnées, tandis qu’au
long de l’itinéraire, d’autres panneaux indiquent
la destination finale et un point intermédiaire,
complétés par la distance. Et à l’avenir, des cartes
simplifiées des ICR seront placées aux principaux
points de passage. Attendons-nous donc à voir enfin
fleurir des panneaux de ce genre sur le territoire de
notre Commune.
Mais cela ne s’arrête pas là. Tout d’abord, la
Commune devra mettre la main à la pâte pour réaliser
les ICC (Itinéraires Cyclables Communaux) qu’on
attend depuis 2006. Ensuite, elle devra entretenir les
infrastructures cyclistes et abandonner sa réticence à
dépenser le moindre sou pour toute mobilité autre
que motorisée.
La demande de permis déposée par Bruxelles Mobilité
pour poursuivre la réalisationde ICR sur Uccle a donné
lieu à d’intéressants débats devant la Commission
de Concertation. Cette dernière vient de rendre son
avis, le 27 novembre. Il est heureusement favorable
mais sous certaines conditions. Globalement, les
nombreuses interventions des comités de quartier,
des riverains des cyclistes quotidiens (GRACQ) ont été
entendues. Pour certaines sections (l’avenue De Fré, la
chaussée d’Alsemberg entre la rue du Coq et la gare
de Calevoet, l’avenue Vanderaey, etc...), Bruxelles
Mobilité devra revoir son projet. Mais la Commission
n’émet qu’un avis ; il convient donc de rester attentif
à la suite de la procédure.
Jérôme MATAGNE
Inter-Environnement Bruxelles
Thierry WYNSDAU
Président de la Locale du GRACQ (les cyclistes quotidiens) d’Uccle