Article paru dans la Lettre aux habitants n° 58, décembre 2008.
Comment la problématique de l’avenue Winston Churchill prend toute sa signification si on l’incorpore aux questions fondamentales que nous posent les politiques économiques et écologiques actuelles.
Si on ne prend en compte que les résultats obtenus, par rapport à toute l’énergie dépensée pour garder à l’avenue Churchill son caractère actuel et sa place dans l’ensemble urbanistique vert de Bruxelles, on pourrait penser que tout cela est bien dérisoire. Et pourtant, non seulement plusieurs de nos légitimes demandes ont été entendues mais, et surtout, une réflexion bien plus vaste sur l’espace partagé en ville, entre l’urbanisme bâti, l’urbanisme vert, la mobilité (publique, privée, piétonnière), s’est imposée. En mars 1989, dans les Principes Généraux de l’Aménagement du Territoire, adoptés par le Comité de quartier Longchamp-Messidor, le point I, « Ethique », est le résumé toujours d’actualité de ce que devrait être pour nous tous, et pour ceux qui ont le pouvoir de décision, « La Ligne de conduite » dont il ne faudrait jamais s’écarter.
Je cite :
« L’espace est un bien commun et son aménagement doit s’élaborer pour le bien de tous.
L’urbanisme doit être pensé pour le bien-être des hommes et en harmonie avec le cadre local où ils désirent vivre.
L’habitat est le lieu privilégié du développement de la famille, base de notre société. L’homme vit d’échanges, de rencontres, d’activités en commun. Les déplacement favorisent son épanouissement. Pour cela, il faut promouvoir des moyens de transport faciles et économiques et qui s’intègrent harmonieusement au cadre de vie.
La nature est le milieu originel de l’homme. Elle est une condition essentielle à son équilibre psychique et physique. La végétation, par son action de régulation hydrique et d’absorption des bruits et des poussières, est un palliatif à la pollution urbaine. L’homme ne peut vivre déraciné de son passé. Le patrimoine commun d’ordre naturel, culturel et historique doit être sauvegardé. La destruction de notre environnement est le fruit d’une méconnaissance des effets pervers que peut entraîner la croissance de notre bien-être. Faute de contrôler ces effets pervers, notre air devient irrespirable, notre eau imbuvable, notre climat se détériore. Il en résulte une altération irréversible de ce bien-être que précisément nous cherchons à améliorer. La ville doit être avant tout un lieu privilégié d’épanouissement de ses habitants, dans le respect des fonctions qu’elle doit assumer vis-à-vis de l’ensemble de ses citoyens. »
C’est pour cela que l’urbanisme est la responsabilité de tous, aussi bien des individus et des organismes privés que des pouvoirs publics.
Les buts du Comité Longchamp-Messidor, exprimés avec plus ou moins de nuances, d’après les circonstances et les urgences, sont pourtant restés toujours dans la droite ligne de ses fondateurs :
Dans ce même document, nous pouvons lire aussi, et ceci pris au hasard : la sauvegarde des espaces verts, le classement et/ou la protection des sites de valeur écologique, la surveillance des abattages, la réalisation d’un système de cautionnement des arbres à charge des entrepreneurs, le droit à la concertation, le droit de participer à la prise de décision…
Ces trois dernières années, le Comité s’est efforcé de suivre et de faire appliquer au mieux cette vision de ses fondateurs.
Comme notre avenue est régionale, nous ne pouvons malheureusement que formuler des “souhaits”. La Commune d’Uccle et son Bourgmestre n’ont qu’un avis ; et la Région, à travers son Ministre régional, le droit de décision. De ce fait, ce qui est essentiel pour les riverains, un cadre de vie paisible et constant, des services de transports en commun performants et visuellement acceptables (sans publicité, par ex.) et sans pollution sonore ni vibration, sont des notions qui ne sont pas tenues en compte par la Région, dont dépendent tant la
réalisation des projets de la Stib que l’aménagement de l’avenue. Le Comité se réjouit d’avoir gardé les marronniers quelques années de plus, se réjouit d’avoir évité les métaséquoias, d’avoir évité la défiguration de l’avenue par une troisième voie de tram ou par le mega-terminus planifié près de la place Vanderkindere.
Le Comité – aussi bien que notre Bourgmestre – regrette infiniment de n’avoir eu aucun pouvoir pour empêcher le désastre sur le Rond-Point Churchill.
Incompréhensible, car totalement à l’encontre du fonctionnement minimalement efficace pour la Stib. Par contre, notre suggestion de déplacer vers la station de métro Albert le transfert actuel de ce rond-point sera opérationnelle dans deux ou trois ans. Malheureusement, les arbres abattus sur les quais par la Stib auront disparu.
Le Comité regrette aussi le choix du platane, alors qu’aussi bien le Comité que le Bourgmestre et la Ministre DUPUIS préconisaient le tilleul, à défaut du marronnier.
Le Comité Churchill et le Comité Tervuren, soutenus par plusieurs associations de défense du patrimoine, lancent un vaste projet de protection des grandes perspectives bruxelloises.
Dans cet ordre d’idées, nous préconisons que soient revus de toute urgence les plans d’aménagement des avenues Albert et Churchill. Ces avenues sont gérées par la Région de façon totalement différente quant à leur aménagement futur. Nous demandons avec insistance que Albert et Churchill restent, comme maintenant, un seul axe visuel de plantations, luminaires et infrastructures. Un axe, du Parc Duden au Bois de la Cambre, avec un seul projet urbanistiquement vert ; et ce, dans la ligne de ce que préconise aussi la Commission Royale des Monuments et Sites lorsqu’elle parle de continuité urbaine.
Le Comité Longchamp-Messidor
Anita NYS, Présidente