Pont –Tunnel Carsoel : un progrès mais pas encore suffisant

de l’utilité des Comités de Quartier !

En décembre 2021, la LETTRE n°110 expliquait le projet alternatif proposé par le Comité de Quartier Observatoire à INFRABEL, porteur du projet pour la rénovation du Pont – Tunnel/placette Carsoel.
Ce projet alternatif tentait de remédier sur certains points à celui d’INFRABEL :
• Par la création d’un pont à arche métallique qui s’inscrivait mieux dans le paysage, qui permettait d’éviter une largeur excessive tout en respectant celle nécessaire pour faire passer les trams, les voitures, les piétons et les cyclistes ;
• Par la suppression des rampes bétonnées « côté Bois de la Cambre », d’une longueur et d’un dénivelé tels qu’elles devenaient, selon des avis autorisés, trop difficiles à utiliser pour les Personnes à Mobilité Réduite et donc inutiles voire insécurisantes de par leur passage de plus de 40 mètres sous le tunnel en vue d’arriver sur les voies (Les rampes n’étaient qu’une réponse inadéquate à la législation en vigueur qui permet à l’auteur de projet de la respecter dans la forme tout en contredisant son but et son esprit.) Sans compter que bétonner à outrance en fond de vallée n’est pas une option défendable.

INFRABEL avait commencé par refuser ces propositions pour des raisons « techniques » et de choix d’entreprise en ce qui concernait la suppression des rampes, et s’était concentré uniquement sur la mise en œuvre des conditions émises par la Commission de Concertation.

L’équipe du Comité de Quartier, secondée par des experts, des ingénieurs et des architectes, restait pourtant persuadée que des solutions techniques pouvaient être trouvées pour résoudre l’ambition d’un nœud multimodal plus accueillant mais avec un nouveau projet plus respectueux des habitants et de l’environnement et surtout mieux intégré dans la typologie du quartier (« Vieux Uccle »). Elle n’a donc rien lâché….

Et elle a eu raison puisqu’au final, fin juin, malgré que les dés semblaient jetés, INFRABEL a fini par introduire un nouveau projet à Urban.Brussels qui reprend certaines propositions du projet alternatif, dont une des plus importantes : la suppression des 2 x 140 mètres de rampes PMR.

INFRABEL a aussi repris la demande du Comité Observatoire concernant la collecte des eaux pluviales avec la création de deux bassins de rétention, et 3 puits perdus, ce qui permet d’infiltrer 75% des eaux pluviales, le reste étant envoyé à l’égout.

La nouvelle demande de permis va devoir être avalisée par les autorités compétentes.

LE PROJET RESTE TOUTEFOIS ENCORE AMELIORABLE :

  • L’actuelle demande est silencieuse sur des aspects essentiels exigés par l’étude d’incidence, notamment :
     Le nombre d’arbres abattus
     Le rétablissement de la continuité du maillage vert
     Le taux d’imperméabilisation
     Le taux de biodiversité
  • L’abri - vélo n’est pas intégré au projet ; il semble avoir été ajouté en désespoir de cause là « où il restait de la place » … il rallonge le tunnel du RER vélo qui fait déjà 80 mètres (alors que la note explicative du premier permis d’urbanisme mentionne : « il faut amener les cyclistes le plus vite possible en dehors du pertuis ») et il imperméabilise le talus de chemin de fer par une dalle de béton supplémentaire totalement inutile.
    Il vaudrait mieux placer un parking vélo sur la dalle existante où il y a suffisamment de place. Cet abri – vélo pourrait remplacer les surfaces de végétalisation de la dalle, très peu gérables avec les sécheresses qui s’annoncent.
  • Les garde-corps du pont sont tout en béton, partiellement ajouré avec des hauteurs qui sont parfois de plus de 2,5mètres, ce qui ne dépasse les exigences de la norme. Ils sont beaucoup trop hauts et massifs.
    Cette proposition ne correspond pas à la demande d’intégration formulée par les Commissions de Concertation
  • Les ascenseurs sont également prévus dans un environnement de béton. Une solution plus légère est sans doute possible et préférable : par exemple une structure panoramique, en corrélation avec les exigences électriques, amènerait plus de sécurité en permettant la vue sur les utilisateurs.
  • La demande d’intégration dans la typologie du quartier, exigence forte contenue dans les Avis rendus en mars 2019 et en juillet 2021 par la Commissions de Concertation ainsi que par les membres du comité d’accompagnement du projet, n’est pas rencontrée dans la nouvelle demande de P.U., ni pour les ascenseurs, ni pour les garde-corps, ni pour l’abri – vélo, ni d’une manière générale pour le tunnel RER. Or des idées ne manquent pas !
  • Les quais ont une longueur de 270 m, ce qui n’a guère de sens, puisqu’aucun train passant à cet endroit n’atteint cette longueur. Cette longueur de quai a un coût important, demande de l’entretien et pose la question de la récupération des eaux de pluie. Si par extraordinaire le besoin d’un quai plus long surgissait à l’avenir, il y aurait toujours possibilité de le prolonger de quelques mètres.
    Une étude pour que les quais soient réalisés en matériaux perméables est aussi nécessaire.
  • Il manque une étude concernant le maillage vert et la végétalisation du projet.

Illustration du projet – vue générale aérienne (les images de synthèses sont à titre indicatif
(source : Infrabel, Note explicative – 28 juin 2022)

Le comité de quartier, soutenu par plusieurs centaines de pétionnaires, informera Urban.Brussels de ces améliorations possibles et continuera de défendre un projet visant à optimiser l’impact environnemental et architectural de cette nouvelle placette publique.

Dominique Vaes,
Serge Lederman,
Jean Callewaert,
Florence Vanden Eede