Article paru dans la Lettre aux habitants n° 61, septembre 2009.
Que va-t-il se passer en décembre à Copenhague, toujours sous l’égide des Nations Unies ? Une vaste et difficile négociation entre les plus gros pollueurs – souvent les plus riches – et les autres pays, soit « émergents » (Chine, Inde, Brésil), soit « en voie de développement », pour aboutir à des compromis, tant en termes de réduction globale de la pollution en gaz à effet de serre (par exemple, moins 20% d’émissions de CO2 d’ici à 2020, comme s’y est engagée l’Union européenne) qu’en termes de répartition de quotas (c’est-à-dire de droits à polluer accordés à chaque pays). Les pays émergents ou en voie de développement refusent de consentir les mêmes efforts que les pays riches pour des raisons historiques (ce sont les pays industrialisés qui ont commencé par s’enrichir, au prix de pollutions massives chez eux et ailleurs dans le monde) et économiques : ils ne veulent pas entraver le développement de leurs économies, actuellement basées sur des processus industriels et des sources d’énergie très polluants (charbon, fioul) et se retrouver pénalisés à la fois sur le plan financier (coût élevé de la reconversion à des énergies et des technologies moins ou peu polluantes) et sur le plan technologique (obligation d’acquérir les nouvelles technologies dans les pays industrialisés, à un coût jugé prohibitif, d’où nouvelle dépendance). Les responsables des Nations Unies espèrent quant à eux que des réponses seront apportées à quatre questions- clés :
A un niveau plus terre-à-terre, que pouvons-nous faire, collectivement et individuellement, face à des perspectives aussi angoissantes ? Tout d’abord, changer nos mentalités. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, nous avons été conditionnés à vivre dans un système économique basé sur une croissance illimitée, reposant elle-même sur des ressources considérées comme inépuisables, et donc sur leur gaspillage. Cela a engendré des sociétés consuméristes, où l’élévation constante du niveau de vie et des rémunérations était censée alimenter en continu la croissance économique. Plusieurs « secousses sismiques » nous ont fait déchanter depuis, qu’il s’agisse des chocs pétroliers successifs, de l’épuisement désormais avéré et inexorable de ressources finies, ou de la crise que nous vivons actuellement, et qui a ébranlé en profondeur la planète financière, avant d’affecter notre mode de vie. Il nous faut désormais choisir entre changer nos habitudes ou assister à notre propre déclin.
Pour nous aider à changer, commençons par réfléchir profondément à deux idées apparemment simples :
– la première est la proposition « penser globalement et agir localement » : c’est déjà ce que nous essayons de faire au niveau des associations de pro- tection et de défense de l’environnement. Mais il incombe à chacun d’entre nous d’élever suffisamment son niveau d’information et de conscience pour décider de changer son mode de vie — et le faire
– la seconde est la formule-choc de Yann ARTHUS-BERTRAND dans son film « Home » : « Il est trop tard pour être pessimiste ».
Ensuite, pousser nos mandataires politiques au niveau communal à mettre rapidement en œuvre des initiatives d’intérêt public et transformer les discours et déclarations d’intention en enjeu politique. Ainsi Uccle a lancé l’Agenda 21, dont l’élaboration est suivie par l’ACQU.
Et allons visiter une exposition passionnante consacrée à ce thème d’une actualité brûlante, intitulée « C’est notre Terre 2, objectif Copenhague », qui s’est ouverte à Bruxelles le 10 septembre 2009 sur le site de Tour et Taxis et fermera ses portes en janvier 2010. Pour de plus amples renseignements, consulter le site de l’exposition www.expo- terra.be
Qu’est-ce que chacun d’entre nous peut déjà faire dès maintenant, au niveau de son quotidien ? Beaucoup plus qu’il ou elle ne pense. Quelques exemples :
– Remplacer dès que possible toutes les lampes à incandescence – qui se caractérisent par une énorme déperdition d’énergie – par des lampes économiques, certes plus chères à l’achat, mais à la durée de vie très supérieure et qui ne consomment qu’une fraction de l’énergie requise par les ampoules classiques (lesquelles seront toutes retirées du commerce d’ici 2012, en vertu d’une directive européenne, donc d’application dans chacun des 27 Etats membres de l’Union européenne)
– Avant de prendre sa voiture par pur réflexe acquis, se demander si l’on ne peut pas y arriver tout aussi bien en utilisant les transports en commun ou le vélo – moyennant un réaménagement de son emploi du temps
– Lors du remplacement d’appareils électro-ménagers, privilégier ceux qui consomment le moins d’eau et d’énergie (des labels spécifiques nous y aident)
– Lors du remplacement d’une installation de chauffage ou d’un chauffe-eau, faire étudier les systèmes fonctionnant à l’énergie renouvelable, pour l’installation desquels la Région accorde des primes intéressantes. Il en va de même lorsqu’on améliore l’isolation thermique d’une habitation, sans même parler d’une construction nouvelle. Ainsi, il existe déjà un exemple de maison dite « passive » à la Montagne Saint-Job. On peut présumer que le maître d’œuvre n’a pas opté pour ce type d’habitation par pur idéalisme et sans tenir compte du coût…
– A coût égal ou comparable, privilégier l’électricité dite « verte », c’est-à-dire produite à partir d’une source non polluante (aujourd’hui, toutes les multinationales impliquées dans la prospection de nouveaux gisements d’énergies traditionnelles s’évertuent à nous persuader de leur conversion aux énergies propres…)
Faut-il encore préciser que chacune de ces décisions – possibles et à notre portée –, outre qu’elle contribue concrètement à la réduction de nos émissions globales de CO2, est source d’économies substantielles pour notre budget ?
Tout ceci nous amène au développement durable, un concept plus vaste que celui du seul réchauffement climatique. Mais ceci est une autre histoire…
Georges INGBER