Se déplacer à Bruxelles avec les enfants en bas âge : une gageure ?
Article paru dans la Lettre aux habitants n° 58, décembre 2008.
Dans une recherche menée grâce au soutien du programme « Prospective Research for Brussels » de la Région de Bruxelles-Capitale (*), nous nous sommes intéressés aux déplacements avec des enfants en bas âge. Nous avons ainsi constaté que, avec l’arrivée du premier enfant, l’automobile était devenue pour beaucoup de familles un passage obligé, en raison notamment de la complexification des chaînes de déplacements, du matériel de plus en plus volumineux à transporter et du confort souhaité pour l’enfant.
Deux questions se posent alors :
- Comment rendre néanmoins attractifs les transports publics pour les parents avec jeunes enfants ? Quelques pistes peuvent être imaginées à partir de la recherche comme :
– améliorer l’accessibilité des stations de métro, des bus et des trams (en cours de réalisation), ainsi que le confort et la sécurité aux arrêts (actuellement, chacune des 19 communes – et non la STIB ou la Région ! – est responsable de la gestion des arrêts de surface et a son propre contrat avec JC Decaux ou Clear Channel) ;
– faciliter la réalisation des chaînes de déplacement en prévoyant des consignes et des haltes bébés (comme dans les aires de repos sur les autoroutes !) aux points d’échanges modaux et intermodaux, voire même des crèches : les points d’échange doivent devenir des acteurs importants non seulement de la mobilité mais aussi de la vie urbaine ;
– améliorer la ponctualité et la fiabilité horaire du transport public ;
– développer des formes ciblées d’encadrement adulte lors des déplacements des enfants de et vers l’école (notamment dans le cadre des « plans de déplacements scolaires ») ; - Comment « récupérer » cette clientèle lorsque les enfants auront grandi ? On peut imaginer, par exemple, offrir un abonnement gratuit aux parents lors de la vente (ou l’attribution, puisque ce sera bientôt gratuit) du 1er abonnement scolaire ou leur apporter une information personnalisée sur les moyens de déplacement alternatifs à la voiture.
Plus globalement, pour traiter ce problème, il faudrait :
– renforcer la diversité fonctionnelle des pôles urbains pour permettre une meilleure synchronisation des activités ;
– redensifier et lutter contre l’urbanisation diffuse ;
– revaloriser les temps et rythmes lents dans la dynamique sociale.
Michel Hubert
Professeur aux Facultés universitaires Saint-Louis
Président de l’Institut de recherches interdisciplinaires sur Bruxelles (IRIB)
décembre 2008