Fin 1986, un projet de golf et de lotissement au Kauwberg a été présenté au Conseil communal d’Uccle. Quelques riverains ont souhaité mettre en place une dynamique de terrain en complément au travail des associations existantes. J’étais l’un des quatre signataires de l’appel.
SOS Kauwberg est né lors d’une assemblée publique à la Ferme Rouge en mars 1987.
Il en est issu un groupe de personnes souhaitant s’engager dans l’action pour sauvegarder le Kauwberg. Les premiers mois du comité ont été marqués par l’organisation d’une manifestation, d’un journal toutes-boîtes diffusé sur tout le territoire d’Uccle ainsi que d’une fête pour couronner le tout.
Les slogans de départ ont été « le droit aux espaces verts pour tous » et ensuite « les espaces libres, notre équilibre ». Il a parfois fallu convaincre des habitants du Kauwberg qui voyaient dans le projet une sur-value pour leur maison… C’était le cas de mon propre père qui ne s’est engagé qu’au bout d’une bonne année de discussions familiales et a ensuite été longtemps le trésorier de SOS Kauwberg.
La mobilisation citoyenne a fait prendre conscience à la population d’Uccle d’abord et à ses hommes politiques ensuite de l’importance des espaces semi-naturels dans la ville, de leurs rôles sociaux, culturels, éducatifs et en tant que patrimoine nature et troisième poumon pour assainir l’air de la ville. Nous entrions dans une nouvelle approche de la ville, sans doute en réaction à la bruxellisation.
Il a fallu ensuite convaincre de l’importance des espaces semi-naturels en ville non seulement par la mobilisation de milliers de personnes lors des premières fêtes, mais aussi par la pertinence des études scientifiques et historiques relatives au Kauwberg.
La victoire tient à cette double mobilisation : sociale et intellectuelle qui a convaincu le monde politique ucclois que le golf n’était pas le meilleur choix. Pour y parvenir SOS Kauwberg a organisé de nombreuses fêtes, promenades et visites guidées. Elle a lancé des pétitions pour le classement du site, pour sa mise en zone verte au PRD, puis au PRAS. L’association a publié deux livres, en 1990 et 2007. Son bulletin de liaison, le Kauwberg Info, en est aujourd’hui à son 105ème numéro.
L’engagement à la défense du Kauwberg tient aussi à l’action dans la durée, à une pression de la population, orchestrée par quelques membres actifs et lobbyistes. SOS Kauwberg s’est structuré en asbl et s’est engagée dans la défense de la nature au côté d’autres associations de la Région et a soutenu les actions menées par des habitants pour défendre d’autres espaces verts comme le plateau Engeland, Avijl ou le Bois de Verrewinkel. La pertinence de nos analyses et de nos actions a fait en sorte que nous sommes devenus un partenaire de la Commune pour d’autres dossiers.
Si nous n’avons pas obtenu gain de cause sur tous les dossiers, la nécessité d’une vigilance de tous les jours nous semble une évidence, les promoteurs et leurs soutiens politiques espèrent toujours que les habitants se fatiguent, s’épuisent et abandonnent. Même si nous ne sommes plus aussi nombreux dans l’action aujourd’hui qu’il y a trente ans, il est essentiel que nous tenions le coup et maintenions la pression sur les décideurs…
Marc De Brouwer
SOS Kauwberg et Bruxelles Nature