UN P’TIT BOUT DE TERRAIN POUR CRÉER DES LIENS ENTRE VOISINS ET AVEC LA NATURE
C’est un petit bout de terrain dans le haut de l’avenue de la Chênaie, coincé entre les voies de chemin de fer et leur talus. Vous l’avez peut être remarqué lors d’une de vos balades vers le Kauwberg ou pour rejoindre la promenade verte.
C’est en fait un bout de terrain tout petit mais qui depuis quelques années déjà nous apporte beaucoup de bonheur et d’énergie. L’aventure a commencé voilà un peu plus de deux ans, lorsque qu‘un groupe de voisins, précédemment rassemblés autour de l’organisation de la fête du même nom en a eu marre de voir ce coin de la rue régulièrement envahi par des déchets en tous genres. La coupe fut pleine quand une machine à laver a un jour atterri là, sans doute déposée par des extraterrestres qui avaient besoin d’alléger leur soucoupe volante et n’avaient pas entendu parler de la déchetterie régionale.
Nous avons donc relevé nos manches et par un beau matin de février avons dégagé et nettoyé ce terrain à l’abandon pour lui rendre une beauté. Nous avons retiré plusieurs mètres cubes de déchets qui s’étaient accumulés là au fil des années et aplani l’épaisse couche d’humus qui s’était formé suite à l’accumulation de déchets verts.
L’idée au départ était surtout d’occuper ce terrain de manière positive (et plus ou moins informelle) afin d’éviter les dépôts sauvages. Notre nettoyage ne passa toutefois pas inaperçu dans le quartier et il nous est vite apparu nécessaire de formaliser notre occupation. Après enquête il s’est avéré que le terrain appartenait à Infrabel qui répondit de manière rapide et positive à notre demande de location à condition de sécuriser le terrain via une barrière métallique. Barrière que nous avons heureusement pu récupérer au fond du jardin d’un voisin. Ce fut le premier gros œuvre qui permit de mobiliser toute une série de bonnes âmes de la rue et qui renforça la dynamique collective. Nous sommes depuis lors officiellement locataires de la parcelle pour un modique loyer de EUR 50 par an.
Encouragés par ce succès administratif, nous avons répondu à un appel à initiatives citoyennes en lien avec l’environnement ouvert par Bruxelles Environnement et qui fut couronné de succès et d’un financement. Ce financement nous a donné la possibilité d’accélérer la mise en œuvre du projet, de le formaliser et de lui faire prendre de l’ampleur. Ampleur non seulement en termes d’activités grâce aux investissements qu’il a permis de réaliser (cabane, récolte d’eau de pluie,…) mais aussi en termes d’organisations. En effet les subsides étaient assortis de conditions (notamment celle de constituer un groupe pilote) mais aussi d’un accompagnement spécialisé par l’asbl Le Début des Haricots.
En termes d‘organisation pratique l’initiative est depuis lors coordonnée par un groupe pilote de 5 personnes qui se réunit environ 1 fois par mois. Au total une douzaine de famille sont impliquées d’une manière ou d’une autre (coup de main pour l’arrosage en période de vacances, participation aux journées de travail collectif, prêt de matériel ou coup de main spécialisé pour certains travaux de bricolages,…) dans le projet.
Cette année fut la première saison de mise en culture, l’année dernière ayant été consacrée à la formalisation de l’occupation. Cette première saison de culture s’achève sur un bilan très positif : 7 parcelles individuelles cultivées, 3 bacs hors sol en culture, une cabane montée, une mare récupérée chez un voisin et posée, un système de récolte de pluie opérationnel et un système d’arrosage économe en eau (oyas) en place. Nous avons aussi organisé plusieurs journées de travail collectif, mis sur pied un système d’entraide pour l’arrosage sur l’été (qui a été particulièrement sec) et organisé un apéro/goûter visant à présenter notre initiative à un maximum de voisins.
Au fil du temps, de ces différentes étapes et de discussions entre voisins l’idée de départ d’occupation positive d’un terrain laissé à l’abandon a mûri et a de fait évolué en une aventure humaine portée par 2 objectifs principaux :
En effet, notre avenue a la chance d’accueillir aussi bien des couples avec des enfants en bas âge que des personnes retraitées. Différents groupes qui, de par leurs préoccupations et leurs activités différentes, n’ont pas toujours l’occasion de se retrouver et donc ne font souvent que se croiser bien qu’habitant dans la même rue.
En termes d’environnement, l’évolution des modes de vie et de consommation actuels amène à une déconnection entre les produits alimentaires que l’on achète et la nature de laquelle ces produits sont tirés. Il nous paraît dès lors nécessaire de recréer ce lien entre l’Homme et la nature dont il dépend afin d’améliorer la prise de conscience de la nécessité de sa protection.
Ce sont sans doute des grandes paroles pour un tout petit bout de terrain qui a lui seul ne changera pas le monde. Mais ce petit bout de terrain c’est le début d‘une aventure humaine à notre niveau, aventure qui ne demande qu’à évoluer au fil des personnes qui s’y impliquent et des idées qu’elles peuvent avoir. Le défi est maintenant de faire évoluer ce projet, de l’ouvrir au-delà du cercle de base afin qu’il continue dans sa vocation de tisser et de recréer des liens. Des liens entre des personnes et des liens avec cette nature dont nous dépendons tous au final.
Si vous habitez dans le quartier et que ce projet vous parle, envoyez-nous un petit email (dchenaie@ gmail.com) afin de rejoindre l’aventure. Ou tout simplement, la prochaine fois que vous vous baladez dans le coin n’hésitez pas à venir jeter un coup d’œil, nous vous accueillerons avec plaisir et, qui sait, vous repartirez peut être avec une courgette sous le bras ! A bientôt !
Pour le potager DéChenaîe, Gilles van de Walle