Article paru dans la Lettre aux habitants n° 62, décembre 2009.
La Berce géante ou Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) est une plante exotique envahissante que l’on qualifie aussi d’invasive car elle se propage hors de son biotope natal et pose différents problèmes dans son pays d’adoption.
Le premier est son caractère d’envahisseur : en entrant en compétition avec les plantes indigènes du milieu dans lequel elle se développe, elle forme souvent des populations denses et, par son ombrage, étouffe les autres espèces végétales, causant, à terme, une perte de biodiversité. Mais son problème majeur est qu’elle constitue une réelle menace pour la santé publique. Le contact avec les feuilles de la berce du Caucase peut occasionner de graves brûlures.
Description
La Berce du Caucase est une plante magnifique de la famille des ombellifères. C’est la plus grande plante herbacée d’Europe, elle peut atteindre 3 à 5 mètres de haut. La plante se reconnaît à ses tiges épaisses, ses feuilles découpées pouvant mesurer de 50 cm à 1 m et à ses fleurs blanches en ombelles, riches en nectar et appréciées d’un grand nombre d’insectes.
Ne pas confondre les Berces indigènes avec la Berce du Caucase |
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Afin d’éviter de détruire les espèces indigènes, utiles à notre biodiversité, mais qui peuvent ressembler aux Berces géantes invasives, il est important d’être capable de les distinguer. Même des personnes expérimentées peuvent avoir des doutes, lorsque les plantes sont à l’état végétatif et que les feuilles n’ont pas atteint leur taille maximale. Les berces indigènes - (Heracleum sphondylium et H. sibiricum) Ces plantes sont étroitement apparentées aux Berces géantes, mais sont plus petites - taille de 60-200 cm. Les feuilles sont larges, divisées de manière grossière et très poilues, ne dépassant généralement pas une longueur de 60 cm. Les fleurs blanches ou verdâtres forment des ombelles d’environ 20 cm de diamètre. Ces espèces sont fréquentes dans les champs, les haies et le long des routes en Europe et sont très utiles aux insectes de nos régions, dont beaucoup l’apprécient. |
Berce du Caucase : danger de brûlures ! Méfions nous-en !
Cet imposant géant possède des feuilles qui brûlent indirectement la peau : le suc de la plante rend la peau photosensible. Sa sève contient plusieurs substances furanocoumarines photosensibles qui provoquent une hypersensibilité aux rayons du soleil et entraîne des brûlures en cas d’exposition au soleil ou aux U.V d’un banc solaire. Un à deux jours après le contact avec la plante, la peau brûle, comme sous l’effet d’un coup de soleil. Chaque année, de nombreuses personnes sont brûlées. Elles s’adressent à leur médecin ou au centre anti-poison en se demandant ce qui a pu leur arriver, car il est souvent difficile de faire le lien de cause à effet entre le contact avec les feuilles de Berce du Caucase et les brûlures…
Le danger de brûlures concerne toute personne entrant en contact avec la plante, particulièrement les jardiniers pratiquant le désherbage sans gants ou utilisant une débroussailleuse sans protection adéquate. Les enfants courent un risque tout particulier, par ex. lors de l’usage des tiges creuses comme sarbacane ou longue-vue. Comme le contact avec la plante est absolument sans douleur, les jardiniers et les enfants en contact avec elle, peuvent continuer leurs activités souvent pendant des heures sans se rendre compte des dommages infligés.
Comment éradiquer la Berce du Caucase ?
Biologie de la Berce du Caucase |
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La Berce géante fait partie des plantes dites bisannuelles. Elle se maintient sous forme de rosette pendant quelques années (de 3 à 10 selon la richesse du sol), le temps d’accumuler réserves et énergie pour développer sa tige florale, elle meurt après avoir fleuri et produit de nombreuses graines qui vont se disséminer.. Contrairement à la Renouée du Japon, les berces ne se multiplient pas de manière végétative, mais uniquement au moyen de la dispersion de leurs graines (chaque plante en produit des dizaines de milliers !). Les fleurs apparues au début de l’été, donnent des graines qui mûrissent jusqu’à l’automne avant d’être libérées et de germer le printemps suivant. La majorité des graines tombent à proximité de la plante mère, créant un massif dense de Berces géantes. Pour envahir d’autres espaces, les Berces comptent surtout sur l’homme et les animaux, s’accrochant aux pelages ou collant aux roues et pneus des véhicules. C’est ainsi que son invasion s’est faite en suivant les autoroutes et les voies de chemins de fer. |
Méthodes de contrôle manuelles et mécaniques
A l’exception de la section des racines, le contrôle mécanique ne cause pas la mort immédiate de la plante.
La section des racines (ou leur extraction) se fait généralement avec une bêche à bord tranchant. Elle devrait se faire au premier printemps et être répétée à la mi-été. Il est recommandé de couper la racine au moins à 10 cm sous terre. Cependant, à la suite de l’érosion du sol, des couches supplémentaires de terre peuvent couvrir les plantes et dans ce cas il faut sectionner plus profondément, par ex. à une profondeur de 25 cm. Les parties sectionnées de la plante doivent être retirées du sol et être détruites ou séchées. Cette méthode est très efficace, mais coûteuse en main d’œuvre...
Par prudence, il est recommandé de porter des vêtements imperméables à l’eau et des lunettes de protection, des éclaboussures de sève toxiques et des fragments de la plante couverts de sève pouvant passer au travers de fibres naturelles comme le coton et la laine et venir en contact avec la peau.
Une autre méthode de gestion de la Berce est son pâturage par des moutons. Ceux-ci raffolent des jeunes plants, mais en ville ils sont fort rares…
Méthode de contrôle chimique
Les Berces invasives sont sensibles aux herbicides systémiques tels que le glyphosate (Roundup). Le glyphosate est le seul herbicide approuvé dans tous les pays d’Europe pour le contrôle des espèces invasives de grande taille comme la Berce. Cependant, l’utilisation d’herbicides n’est pas sans incidence sur la qualité des nappes phréatiques et sur la santé humaine ; ils sont nocifs pour l’environnement. Les solutions chimiques sont donc déconseillées partout où les moyens mécaniques (fauchage de la plante ou section des racines) peuvent être mis en œuvre.
Marc DE BROUWER