Certains habitants d’Uccle ont pu être étonnés de voir sortir des immeubles de terre à la plaine du Bourdon, là où ils avaient coutume de voir un espace vert et un cirque. Rappelons-leur toutefois, que ce vaste terrain triangulaire n’a pas toujours été une plaine vide de toutes constructions. Jusqu’à la fin des années ‘60, on y recensait un moulin, une brasserie, plusieurs maisons et des commerces.
Si ce hameau dynamique fut en grande partie rasé en 1969 - 1970, c’est parce qu’il eût la malchance de se trouver sur le tracé prévu pour l’aménagement du Périphérique Sud, un morceau du Ring destiné à relier Forest à Boitsfort.
Ce projet de grande voirie, dont l’initiative remonte au tout début du 20e siècle, ne fut abandonné que vers la fin des années ‘70. Il constitue donc un volet historique essentiel pour l’histoire de la commune d’Uccle. Plus de septante années de tergiversations urbanistiques liées à un projet d’une telle ampleur a inévitablement marqué la morphologie du territoire. Avec notamment pour résultat extraordinaire que l’assiette du projet autoroutier, longtemps resté soustraite à toute forme d’aménagement urbanistique, est à l’origine du maintien de nombreux espaces verts.
L’épopée du Ring Sud ravira certainement les amateurs d’histoire. Elle interrogera également ceux que le devenir de notre Commune préoccupe. L’actuelle situation, héritée du « non-ring », suscite en effet aujourd’hui encore beaucoup de questions : vu les caractéristiques particulières d’Uccle, est-il raisonnable de vouloir poursuivre l’urbanisation de zones vertes miraculeusement préservées, même si celles-ci demeurent légalement constructibles ? Si oui, à quelles conditions ? Les nuisances collatérales à charge de la collectivité ne s’avéreront-elles pas disproportionnées face au seul profit escompté par quelques opérateurs privés ? Que penser de l’argument d’une nécessaire densification urbaine ? La saturation du réseau routier ucclois n’impose-t-elle pas une certaine réserve en matière de densification ? Et que penser de l’imperméabilisation croissante d’un territoire marqué pourtant par la présence de trois vallées assez encaissées ?
Images ci-dessus : la chaussée d’Alsemberg à la hauteur du Bourdon avant 1970 et en 2009 ;
la plaine du Bourdon en construction en 2012
Image ci-dessus (cliquez sur l’image pour l’agrandir) : Extrait du « Plan d’aménagement du quartier compris entre la chaussée d’Alsemberg, le Zand-beek, limitant les territoires d’Uccle et de Drogen-bosch, la rue de Stalle et le chemin de fer Bruxelles-Charleroi » dressé en 1934 et approu-vé définitivement par le Conseil Communal du 10 octobre 1948. La portion uccloise du « Boulevard de Plus Grande Ceinture » constitue la colonne vertébrale de ce vaste programme de restructura-tion qui ne verra toutefois que très partiellement le jour. Seules les rues Molensteen, Steenvelt, du Melkriek et François Vervloet ainsi que l’avenue de Beersel seront établies. Le reste du programme sera interrompu vu la décision dans les années ‘60 de réserver l’assiette prévue initialement pour l’éta-blissement du Boulevard à l’avantage du Ring envisagé. Cette langue de terrain, étendue entre le Bourdon et la rue de Stalle et soustraite à tout projet de construction pendant une cinquantaine d’année, deviendra, suite à l’abandon définitif du projet de Ring Sud, l’espace vert du Keyenbempt. (Archives du Service Voirie de la commune d’Uccle)