L’étalement urbain et le principe de la cité dortoir est particulièrement problématique dans la mesure où le rattachement au réseau global n’est généralement possible que sur le mode du déplacement individuel. Ce caractère individuel des déplacements est à l’origine d’une démultiplication des nuisances, de la saturation des réseaux et de l’espace disponible.
Uccle fait particulièrement les frais de l’étalement urbain puisqu’une grande partie de son territoire mais également des communes voisines, a été malencontreusement urbanisée au cours du 20e siècle sur le mode de la cité résidentielle monofonctionnelle et de type pavillonnaire. Malgré ses allures
campagnardes, le territoire ucclois est donc écrasé par la pression automobile. Comme la plupart des voiries sont bordées d’habitations, il n’existe à Uccle quasi aucune « route » dont la traversée ne nuit pas directement à la qualité de vie des riverains. Pollution sonore et pollution de l’air font ainsi inexorable-ment partie du quotidien d’un grand nombre de nos concitoyens.
Une grande part du trafic est due aux navettes. Il ne faut toutefois pas sous-estimer la part du trafic originaire des quartiers résidentiels ucclois eux-mêmes [1]. En 2005, les quelque 77.000 Ucclois possédaient 45.012 voitures privées [2] (sans compter les nombreuses voitures de société) ; mises bout à bout, cela correspond à une file ininterrompue d’approximativement 250 kilomètres de voitures.
Vu ces chiffres impressionnants et vu la tendance des Ucclois à vouloir posséder deux voire trois voitures par ménage, on comprend qu’il est inconscient d’autoriser encore la construction de nouvelles cités dortoirs, source de milliers de voitures supplémentaires dans nos rues.
Hélas, les nuisances liées au déplacement individuel motorisé sont souvent et de plus en plus fréquemment « niées » ou à tout le moins sous-estimées lors des prises de décision en matière d’urbanisation du territoire. « Construisons d’abord, on verra plus tard pour la mobilité … ! »
La remarque vaut également en matière de santé publique : si nous sommes tous plus ou moins conscients des effets graves sur la santé qu’occasionnent les gaz d’échappement, le sujet reste néanmoins rarement évoqué. En 2010 la Belgique a pourtant été mise en demeure (réaffirmé en 2012) par la Commission européenne pour non-respect de la directive qui limite les dépassements des seuils autorisés d’émission de particules fines à 35 jours par an. Si au final notre pays est condamné, les astreintes risquent d’être sévères. Espérons que l’Agenda 21 Ucclois se saisisse un jour courageusement de la question. Osons prétendre à un environnement plus sain pour nos enfants et petits-enfants.
L’étalement urbain et la « spécialisation » du territoire : deux sources majeures à l’origine des problèmes de mobilité. Ci-dessus vue aérienne du quartier de l’Observatoire.