Au départ de la place Saint-Pierre, l’ambiance était curieuse, du fait qu’un autobus rouge de type londonien déversait sur le parvis de l’église une multitude de personnes chiquement habillées. C’était un mariage qui se préparait et dans cette foule, je devais repérer mes excursionnistes. Heureusement, tous les participants à la promenade finirent par se retrouver, soit 14 personnes.
Le petit parc du Doyen Cogels à visiter en premier est devenu inaccessible et semble définitivement fermé, ce qui permit de vérifier si le séquoia de Chine (Metasequoia glyptostroboides) s’y trouve encore. D’autre part, les deux gros arbres remarquables du début du circuit ont disparu, il s’agissait d’un tilleul argenté pleureur (Tilia × petiolaris) au n°602 de la chaussée d’Alsemberg et du hêtre pourpre (Fagus sylvatica f. purpurea) du n° 1 » de la rue du Doyenné. Au cours de la promenade, on put voir cependant les principaux tilleuls, les deux indigènes (T . cordata et T . platyphyllos), ainsi que le tilleul argenté à port typique (T. tomentosa), très contesté depuis la découverte que son abondance en plantation pourrait être fatal aux abeilles et aux bourdons.
Au cours de la balade, on put voir la rare fructification des pruniers de Pissard (Prunus cerasifera f. atropurpurea – synonyme cultivar ‘Pissardii’ pour les horticulteurs ou f . spaethiana – synonymes‘ Nigra’ et ‘Woodii’), le premier à fleurs blanches et le second à fleurs roses.
Ces variantes à feuillage pourpre du cerisier myrobolan fut découverte par un certain Pissard, autrefois jardinier à la cour du shah d’Iran. C’est le premier arbre du genre Prunus à fleurir en début d’année, annonçant ainsi le printemps. Toutefois, si la météo est défavorable, la fécondation dans les fleurs s’effectue mal ; c’est pourquoi, les fruits pourpres, d’environ 3 cm de diamètre, ne sont visibles que très rarement. Cette année, ils étaient abondants mais pas encore vraiment mûrs au moment de notre passage. Ce sont des cerises ou des prunes ? En flamand, le problème est résolu puisque l’arbre est nommé « kerspruim ». Il faut aussi rappeler que le mirabellier est issu d’un croisement à partir de cette espèce. Le myrobolan a des fruits jaunâtre et est beaucoup moins planté.
Le square Coghen est particulièrement varié en espèces végétales. On put admirer les raisins minuscules de la vigne-vierge (Parthenocissus tricuspidatus) ainsi les ventouses appliquées aux murs et qui sont des fruits avortés.
On s’attarda près de trois catalpas au port étrangement en dôme, ainsi que près de l’angélique en arbre (Aralia elata), exemple assez peu fréquent de feuilles bicomposées et aussi épineuses. Le houx à port pyramidal du n° 25 atteignait, en 1993, 62 cm du diamètre de son tronc et maintenant 72 cm. On pouvait remarquer aussi les jolies fleurs zygomorphes et jaunes de la corydale jaune (Pseudofumaria lutea), plante herbacée inféodée aux vieux murs.
Au petit parc communal Le Chat, tous les vieux arbres ont disparu mais d’autres les ont remplacés, notamment un faux-savonnier de Chine (Koelreuteria paniculata) à la floraison jaune en juillet et aux gros fruits boursoufflés., la parrotie (Parrotia persica), voisine des hamamélis. Subsiste un bel érable champêtre (Acer campestre) dont le diamètre du tronc atteint en 2010, 132 cm. Avenue Pirenne, se trouvent les seuls exemplaires en voirie (pour toute la région bruxelloise), de deux espèces américaines de marronniers et dès lors épargnées de l’attaque de la chenille mineuse (Cameraria ohridella) ; il s’agit du marronnier pavier (Aesculus pavia) à petites fleurs rouges et du marronnier jaune (A. flava). Le tronc du premier a crû en épaisseur de 11 cm en 15 ans, le second seulement de 4 cm ; son feuillage est clairsemé et d’aspect anormalement jaunâtre ; de nombreuses branchettes sont dénudées ; il est certain que cet arbre est moribond.
Avenue Brugmann, on peut admirer la plantation de ginkgos mâles, à port fastigié ; c’est un véritable fossile vivant puisque survivant du temps des dinosaures et résistant à toute forme de pollution, y compris à à la bombe nucléaire d’Hiroshima. La balade s’est terminée dans le parc semi-naturel Brugmann, partie survivante de l’ancien domaine de Boetendael mais aussi zone relictuelle de la forêt de Soignes, autrefois plus étendue avec encore à cet endroit quelques beaux hêtres de la forêt cathédrale typique.
Au cours de l’excursion, ont été observés les différents ports étranges des arbres : fastigié, pleureur, pyramidal, tortueux, ainsi que les variantes de coloration foliaire : l’adaptation pourpre par protection à l’ensoleillement, l’attaque virale détruisant la chlorophylle mais transmise génétiquement ; toutes deux propagées par les horticulteurs qui ont horreur des végétaux verts (sic !).
Daniel Geerinck